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Venezuela se mobilise piqué par la menace de Trump

Aug 14, 2017
Venezuela se mobilise piqué par la menace de Trump

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a mobilisé lundi des milliers de partisans et ordonné des exercices de l'armée dans tout le pays, après la menace de son homologue américain Donald Trump d'une intervention militaire pour régler la crise.

"J'ai donné l'ordre à l'état-major des forces armées de préparer un exercice national, civique et militaire, de défense totale et armée de la patrie vénézuélienne" les 26 et 27 août, a annoncé le dirigeant socialiste face à la foule réunie à Caracas.

Par milliers, les manifestants ont dénoncé les paroles de M. Trump qui ont provoqué un tollé en Amérique latine et alimentent la théorie du président Maduro d'un complot des Etats-Unis pour le renverser.

Certains portaient des chapeaux haut de forme décorés de la bannière étoilée américaine et arboraient un écusson de Superman sur le torse, un costume censé représenter l'envahisseur américain.

Au son de la chanson "Yankee go home!" ("Les Américains, rentrez chez vous!"), les partisans du gouvernement, vêtus de rouge - la couleur traditionnelle du chavisme, le courant au pouvoir -, se sont rassemblés face au palais présidentiel.

M. Maduro leur a demandé de se préparer à "défendre la paix, avec les chars, les avions, les missiles".

"Nous allons vaincre la menace militaire de l'impérialisme nord-américain", a assuré le chef de l'Etat avant de crier, en choeur avec des milliers de ses sympathisants: "Trump go home ! Que l'on entende ça jusqu'à Washington".

Plus tard, au cours d'une rencontre avec les ambassadeurs de plusieurs pays étrangers, M. Maduro a renouvelé sa proposition de "sommet présidentiel à huis clos" qui se tiendrait pour discuter de "la paix au Venezuela" et de la menace évoquée par Donald Trump.

"La menace de la guerre ne peut se dissiper que par le dialogue", a dit le président vénézuélien.

La tension est montée d'un cran depuis que le dirigeant américain a évoqué vendredi une possible "option militaire" pour résoudre la crise au Venezuela, où les manifestations anti-Maduro ont fait 125 morts en quatre mois dans un pays en plein naufrage économique.

Le Pentagone a toutefois précisé lundi que la Maison Blanche ne lui a pour l'instant pas demandé d'étudier ce scénario.

Sans évoquer de projet militaire, le vice-président américain Mike Pence a, lui, affirmé lundi que Washington ne laisserait pas le Venezuela se transformer en "Etat en faillite" mettant en péril la sécurité de la région.

"Nous ne resterons pas les bras croisés tandis que le Venezuela s'effondre", a-t-il mis en garde lors d'un déplacement en Colombie, assurant toutefois que Washington souhaitait "une solution pacifique".

Des paroles qui alimentent l'idée du président socialiste d'une conspiration de "l'empire" américain pour le renverser avant la fin de son mandat en janvier 2019.

Entouré de chars et de centaines de soldats, le ministre de la Défense Vladimir Padrino Lopez s'est exprimé devant la presse pour renouveler le soutien précieux de l'armée au président.

"Apparemment toutes les voies ont été épuisées, toutes les méthodes de coup d'Etat en douceur, de manière indirecte ou via l'insurrection populaire, et l'empire nord-américain a tombé le masque pour prendre la voie directe de l'agression militaire", a-t-il lancé.

Les déclarations du président américain apportent "de la crédibilité à la théorie dénonçant les Etats-Unis comme une menace contre sa souveraineté, avec un projet d'invasion", note Michael Shafter, président du cercle de réflexion Dialogue inter-américain, à Washington.

"C'est absurde, mais ce sera utilisé politiquement par le gouvernement. C'est un cadeau pour Maduro", ajoute-t-il.

Pour Diego Moya-Ocampos, analyste du cabinet britannique IHS, cela "servira à ce que les hauts responsables civils et militaires de la frange radicale du gouvernement resserrent les rangs à court terme, derrière le discours d'une possible menace extérieure".

Le président colombien Juan Manuel Santos a rappelé à M. Pence que "ni la Colombie, ni l'Amérique latine - depuis le sud du Rio Grande jusqu'à la Patagonie -, ne pourraient être d'accord" avec une intervention militaire.

Cette option rappelle de mauvais souvenirs dans une région où les actions militaires américaines ont été nombreuses au siècle dernier. La dernière date de 1989, quand les Etats-Unis avaient envahi le Panama pour déloger son président, Manuel Noriega.

Le Brésil, la Colombie, le Pérou, le Chili, le Mexique, l'Equateur et le Nicaragua ont tous rejeté samedi la perspective d'un recours à la force.

Même l'opposition, accusée par M. Maduro de faire le jeu de Washington, a dit refuser "la menace militaire de toute puissance étrangère".

Réunis au Parlement, les 545 membres de l'Assemblée constituante, décriée par l'opposition et une grande partie de la communauté internationale, se sont déclarés "prêts à tout" en cas d'intervention américaine.

"Les fusils arriveraient à New York, monsieur Trump!", a lancé le fils du président, le Constituant Nicolas Maduro Guerra. "Les fusils arriveraient à la Maison Blanche!”. - AfricaLog avec agence

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