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Pasqua accuse Chirac sur l'Angolagate mais ne révèle rien

Nov 13, 2009

Condamné dans une affaire de ventes d'armes illégale à l'Angola dans les années 1990, Charles Pasqua a mis en cause jeudi l'ancien Président Jacques Chirac et l'ex-secrétaire général de l'Élysée Dominique De Villepin.

Lors d'une conférence de presse devant une centaine de journalistes, brandissant des documents devant les caméras, l'ancien ministre de l'Intérieur a déclaré qu'ils étaient informés de ces ventes dès décembre 1995 mais n'avaient pas agi.

« Tous deux ont manqué à leurs devoirs », a-t-il dit, les appelant à s'expliquer. Il a particulièrement visé Jacques Chirac, accusé « de ne pas avoir assumé ses responsabilités ».

Mais il n'a livré, contrairement à ses promesses, aucune révélation, les points soulevés ayant déjà été examinés lors du procès fin 2008, dans une totale indifférence médiatique.

«Mon ambition, ce n'est pas de passer pour le champion de la balance », a-t-il dit pour expliquer cette relative discrétion.

Le tribunal avait rejeté ses arguments pour le condamner le 27 octobre pour trafic d'influence à trois ans de prison dont un ferme et 100 000 euros d'amende, une sanction entraînant une inéligibilité automatique de dix ans.

Le sénateur des Hauts-de-Seine, qui a fait appel, s'appuie sur une note de la DGSE (les services secrets) du 6 décembre 1995, transmise à l'Élysée, à la Défense, aux Affaires étrangères notamment, qui faisait état du commerce litigieux.

« Au mois de décembre 1995, Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Bertrand Landrieu (directeur de cabinet à l'Élysée, NDLR), Jacques Foccart (conseiller Afrique, NDLR), Hervé de Charette (ministre des Affaires étrangères), Charles Millon (ministre de la Défense) étaient donc informés par la DGSE des ventes d'armes vers l'Angola », a dit Charles Pasqua.

Selon lui, toutes ces personnes auraient donc dû être « poursuivies pour complicité » de trafic d'armes. Prié de dire si Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, était informé, il a répondu qu'il n'était pas destinataire des notes en question.

L'ARGENT VERSÉ À PASQUA ET MARCHIANI

Le tribunal, informé de la note de la DGSE, évoquée au procès, a rejeté l'argument de Charles Pasqua en estimant que le fait que l'Élysée ait été informé d'un commerce litigieux n'enlevait rien au fait qu'il s'est révélé in fine illégal.

Les ventes d'armes d'un montant de 790 millions de dollars en 1993-1998 ont donné lieu à la rémunération frauduleuse par les trafiquants de nombreuses personnalités.

Le tribunal a retenu qu'avait été échangée l'ordre national du mérite remis le 14 juillet 1996 à Arcadi Gaydamak, un des trafiquants, contre 1,5 million de francs (228 673 euros) versés deux jours avant par ce dernier à France-Afrique-Orient, association proche de Charles Pasqua.

La décoration, gage de respectabilité, a été remise au trafiquant par Jean-Charles Marchiani, alors préfet du Var, au titre d'un faux dossier évoquant les supposés mérites d'Arcadi Gaydamak dans l'exportation de viande.

Jean-Charles Marchiani, ancien bras droit de Charles Pasqua à l'Intérieur, qui a perçu à titre personnel près d'un million d'euros des trafiquants d'armes, a été condamné à trois ans de prison dont 15 mois fermes, et 375 000 euros d'amende.

Sur ce point, Charles Pasqua a répété son récit du procès, selon lequel Arcadi Gaydamak aurait en fait été récompensé pour ses supposées interventions dans la libération de militaires français retenus en otages en Bosnie en 1995.

Dans son jugement, le tribunal a conclu que cette intervention de Gaydamak en Bosnie, qu'elle soit réelle ou non – elle est fortement remise en cause par plusieurs témoins – ne changeait rien au fait que la décoration avait été monnayée.

Charles Pasqua a également répété un récit déjà fait au procès en novembre 2008, selon lequel Dominique de Villepin lui avait remis 900 000 francs en espèces sur les fonds spéciaux de la présidence, pour l'opération de Bosnie.

L'ex-ministre a enfin annoncé avoir déposé plainte contre Philippe Courroye, juge d'instruction de l'affaire, actuel procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine). Il redemande la levée du secret-défense sur toutes les affaires de ventes d'armes.  -Reuters 

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