Lettre ouverte au Général Sékouba Konaté | Le Log| www.africalog.com
home

Lettre ouverte au Général Sékouba Konaté

Feb 02, 2010

Par Solo Niaré

 

Mon Général, au lendemain de la prise du pouvoir par le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), nulle doute que vous étiez animés par de très bonnes intentions, sinon que vous avez su choisir, vous et vos compagnons d’arme, les locutions qui ont fait de vous, au vue des appréciations venant unanimement du monde entier, la première junte militaire qui ait bénéficié d’une approbation sans égale.

 

Mon Général, il y a de ces aubaines que le destin n’offre qu’aux personnes bénies, très généralement, c’est une seule fois, car la probabilité pour que cela se répète, pour ces mêmes personnes dans un contexte qui est le notre, est dans l’ordre de l’infinitésimal. Pour ce qui vous concerne vous, aujourd’hui, on se retrouve devant un cas rarissime. L’histoire de la Guinée vous ouvre, une nouvelle fois, ses pages après les ratées qui nous ont conduit dans un engrenage de violences inqualifiables et amener notre pays au ban de la communauté internationale. Après neuf mois de transition, comme vous avez eu l’honnêteté de l’affirmer dans un mea-culpa, oh combien de fois historique, devant un parterre d’envoyés spéciaux de la communauté internationale (Groupe International de Contact pour la Guinée, CEDEAO, Union Africaine, Nations Unies et tout le corps diplomatique accrédité en Guinée), que les attentes du peuple de Guinée suite à vos différentes promesses ont été soldé par une grosse frustration, pour ne pas dire une énième déception de notre très cher pays qui souhaite enfin souffler le vent de la démocratie depuis 51 ans qu’elle existe. Le fait d’avoir reconnu ce tort, celui de vous avoir laissé berner par des « démagogues », votre mot, qui vous ont trompé en vous déviant de ce chemin salutaire, fait de vous un homme plus que vertueux au service de son pays.

 

Mon Général, l’amitié est une chose, mais le pouvoir aussi, je ne vous l’apprends pas, en est une autre. Les grandes figures de l’histoire se sont fait une place dans le panthéon des grands hommes ou dans le contingent des grandes déceptions de tous les temps rien qu’à cause de l’influence néfastes ou charitables des cicérones qui les ont rapprochés. Quelques taillerons de la république, experts en recyclage pour se faire une place dans tous les gouvernements que notre pays a connu, ont pu s’engouffrer au sein de votre entourage le plus proche aujourd’hui. Tel des rémoras agrippés à cette source nourricière qui n’est autre que l’édifice que vous souhaiteriez bâtir pour la nation, c’est sans pitié que leur unique dessin serait de spolier votre œuvre. Ils ont de la grâce dans leur façon de faire, leur verbe est habillé d’éloquence, mais tout cela n’est que subterfuge pour cacher leur mauvaise foi. Mon initiative se résumerai à de la simple délation si jamais l’impact négatif de ces personnes sur le devenir de notre nation n’avait pas été foncièrement reconnu aujourd’hui par tous, ces personnes que je ne me générai pas de citer, mon Général, à la suite de ces lignes. Leur souvenir infect est resté à jamais indélébile dans nos mémoires en Guinée. Juste quelques exemples :

 

Mr Kiridi Bangoura, très curieusement votre subit ami d’enfance, incubant discrètement des velléités de conquête du pouvoir présidentiel avec son parti politique UMP, se présente aujourd’hui être un de vos conseillers les plus écoutés. Le peuple de Guinée, vote peuple, pour lequel vous êtes animé par les plus nobles intentions à sortir de cette phase critique ne se remémore d’aucun bénéfice tiré de la brillance de cet ami dans les aumônières d’un pouvoir d’antan.

 

Votre protégé Tibou Camara, passé de l’acolyte de Mr Kassory Fofana sous ce même régime tristement connu de nous tous, à Ministre dans le gouvernement de Souaré et, pas plus longtemps, dans le votre refait surface par votre amnistie un peu trop hative. Je ne vous dirai pas l'écœurement d’une majorité de guinéens lorsqu’on a su l’accueil qui lui a été réservé avec les honneurs de la République à l’aéroport de Gbéssia. Vous avez reconnu publiquement que vous n’êtes entourés que de menteurs. Sachez alors que les aversions de vos populations vous seront d’emblée dissimulées avec cette donne. Et c’est à force d’accumuler ces différentes frustrations du peuple de Guinée qu’on a été amené vers des seuils ingérables.

 

Les exemples font légions autour de vous. Mon général, imposez les des congés sabbatiques politiques pour l’amour du Pays. Libre à eux de retourner après que ayez doté le pays d’institutions qualifiées. Leur pseudo brillance et savoir faire seraient alors mis à l’épreuve le jour où la Guinée serait dans un ordre constitutionnel convenable.

 

Mon général, pourquoi toujours les mêmes ? Leur bilan n’est-il pas celui de nos malheurs d’aujourd’hui ?

 

Mon Général, quelque soit la bonne parole qu’elles vont prêcher à votre nom, car Satan sait rendre mièvre la bouche de ses suppôts, le résultat de ses entreprises restera toujours la même : celui de détruire la crédibilité que vous venez d’acquérir avec honneur devant l’histoire.

 

Mon Général, la tâche qui vous attend est noble. Souriez à l’histoire de la Guinée, la Guinée vous le rendra. Gardez vos relations amicales et, surtout, gardez-vous de les intégrer tous dans le rôle historique que vous êtes entrain d’accomplir pour notre inénarrable pays.

 

Nul doute que ces personnes se sont évertuées à vous montrer qu’elles sont vos amies les plus fidèles par des pratiques dont la maîtrise leur est innée. Mais, mon Général, sachez que le devoir sacré pour garantir une transition politique pacifique dans le pays vous impose des amis loyaux plutôt que des amis fidèles. Devant la géhenne, l’ami loyal est celui qui vous dira, malgré la peur que vous lui inspirez, « Attention mon général, ça peut bruler » alors que l’ami fidèle est celui qui vous fera croire par mille manières qu’il vous emboîtera le pas dans tous les tourments qu’il vous aura minutieusement préparés, ce qui est de notre cas.

 

Rappelez-vous, mon Général, lorsque vous étiez entrain de glaner vos galons avec bravoure dans les tranchées sur les fronts, ils étaient où ces amis ?

 

Vous rappelez-vous avoir reçu un coup de fil d’eux, sinon une carte postale pendant que vous boutiez les ennemies hors de nos frontières ? C’est non, mon Général ! Aujourd’hui, vous êtes subitement devenus l’ami qu’on raconte dans tous les souvenirs d’enfances. Méfiez-vous !

 

"Nous comptons sur vous et vous pouvez compter sur nous", aviez-vous déclaré. Ceci est plus qu’un engagement solennel, mon Général.

 

C’est le monde entier qui voit en vous le garant d’une transition politique pacifique dans le pays et cela ne peut être possible qu’en veillant avec ce même sens de patriotisme qui vous anime sur la composition du futur Gouvernement. Un gouvernement totalement épuré de personne dont la présence serait source de conflit et de division, de personnes ayant participé dans les dérapages du 28 septembre, de personnes reconnues pour avoir fait l’apologie du crime, sinon ce sera rebelote !

 

Mon général, vous avez l’ultime opportunité d’écrire en lettre d’or les plus belles pages de l’histoire de ce pays en évitant les mêmes erreurs des premières tentatives du CNDD.

 

Que Dieu bénisse la Guinée

 

Vive la démocratie

 

La Nation d’abord

 

Solo Niaré

www.cgcpm.org 

Liens Sponsorisés