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Pour une paix positive!

May 07, 2010

Par Marie José YOMBOUNO

Les Guinéens vivent actuellement dans une paix négative qui signifie «absence de
conflit » mais qui n’exclut pas les menaces de troubles car trop de frustrations,
alors que la paix véritable suppose positivement la concorde entre les hommes.
Nul n’ignore que la situation socio-politique actuelle est fragile et que cette paix
apparente risque à tout moment d’être compromise pour des raisons de manque de
visibilité, de la pauvreté grandissante, de l’inflation, du non-respect des
diversités culturelles et de l’absence de cohésion sociale dans notre pays. Que
« Dieu » nous en garde !

La démocratie est d’abord et avant tout la prévention des conflits et l’existence de
justice sociale. Les populations guinéennes doivent participer au processus de
démocratisation en prévenant les risques de perturbation aux conséquences
incalculables dont les femmes et les enfants ont toujours été les plus touchés comme
la journée noire du 28 septembre 2009. Ecartons également le risque d’intimidation
de la part des pouvoirs ou d’autres.

Ensemble, créons d’abord les conditions propices à la tenue de l’élection
présidentielle le 27 juin 2010 car l’espérance du bien-être est sans fondement en
l’absence de paix durable.

Une des sources de malaise est le manque de transparence sur la candidature des
différents prétendants. Selon les informations que nous avons à travers les médias,
certains parmi eux seraient des criminels économiques, ils ont détourné et gaspillé
les deniers publics et les conséquences sont multiples, car plus de 50% de nos
compatriotes n’ont pas accès à l’éducation, aux soins de santé primaires, à un
logement décent, aux transports en commun, à l’électricité et à un salaire correcte
etc.

Il serait donc sage pour situer les électeurs, de définir les conditions
d’éligibilité puis d’organiser les débats afin qu’ils exposent clairement leurs
programmes de société et disent comment procèderont-ils pour les financer ?
Une autre situation d’injustice sociale qui porte à confusion, est le fait d’avoir
remercié plus de 500 recrues qui ont bénéficié de plusieurs mois de formation
militaire après la fermeture du camp de Forécariah sans aucune autre forme de
réintégration, et être parallèlement à la recherche de recrutement de 800 élèves
gendarmes ?

Envisager les élections présidentielles la date indiquée, même si nous le souhaitons
tous, dans de telles conditions sans tenir compte des réalités du terrain relèverait
de l’absurdité.

J’entends certains de mes compatriotes dire qu’il faut aller vite aux élections même
bâclées en vue de mettre fin au pillage et bradage de nos ressources naturelles et
aux décrets qui tombent tous les jours pratiquement relatifs aux nominations des
amis du président intérimaire à des postes importants ou autres.

Et pourquoi en vue d’une bonne gouvernance, si les preuves sont établies, ne pas
s’organiser pacifiquement pour dénoncer cette situation qui commence à irriter plus
d’un, les responsabiliser et développer de nombreux moyens de communication afin de
faire prendre conscience aux citoyens qu’ils doivent jouer un rôle politique dans sa
dimension sociale et démocratique.

La mission principale du Président intérimaire ainsi que du gouvernement d’union
nationale depuis les accords de Ouagadougou, le 15 janvier 2010, était de conduire
une transition apaisée pour organiser les élections libres, transparentes, crédibles
et acceptables.

Comment celui qui doit réguler l’administration peut-il dire qu’il est prêt et que
le reste incombe au gouvernement, à la CENI (commission électorale nationale
indépendante) et au CNT (conseil national de transition) ?
Concrètement, en quoi est-il prêt ? En ayant une attitude ambivalente ? Déclarant
souvent devant la communauté nationale et internationale qu’il a la volonté de
respecter la date déclarée, et de ne pas se présenter ? Alors que dans le même
temps, les mesures ne sont pas prises pour asseoir les bases solides utiles pour la
construction d’une véritable démocratie.

Nous devons être gouvernés non selon la volonté cachée des autorités actuelles mais
selon leur volonté connue et approuvée.

Nous sommes aujourd’hui face à un défi majeur, celui d’une prise de conscience de
nos responsabilités et de nos besoins. L’implication responsable de chaque citoyen à
travers les propos et débats constructifs est gage d’une paix durable.
S’agissant du choix du modèle d’adoption du projet de constitution présenté par le
CNT : ordonnance ou référendum, je pense qu’il est facile à faire, étant donné qu’en
démocratie, le peuple est détenteur du pouvoir et que les Guinéens n’ont pas encore
élu leurs députés pour déléguer ce pouvoir, alors il doit être consulté car le
contraire serait anti-démocratique.

Ce qui pourrait non seulement générer le désordre mais surtout et aussi, le
président qui sortira des urnes la retouchera sous prétexte qu’elle n’est pas
l’émanation du peuple.

D’aucuns diront que le temps presse, est-ce pour autant s’engager dans l’inconnu
avec des risques d’instabilité voire cycle de coup d’Etat que je n’encourage pas
bien entendu.

Prenons le temps nécessaire et raisonnable pour faire face aux problèmes au lieu de
les déplacer.

Ne laissons pas l’histoire décider pour nous et à notre place, sinon elle le fera
mal.

Alors la balle est dans notre camp ?

Paris, le 05/05/2010
Marie José YOMBOUNO
http://www.agfdh.org
France

 

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