Sékouba Konaté: «Vous avez eu peur que je ne sois pas capable de combler les espérances face à l’ivresse du pouvoir et ses tentations» | Alog News | www.africalog.com
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Sékouba Konaté: «Vous avez eu peur que je ne sois pas capable de combler les espérances face à l’ivresse du pouvoir et ses tentations»

Jun 27, 2010

26 juin 2010. Il est 18h 34 lorsque le Président de la République par intérim, général Sékouba Konaté a fait son entrée dans la salle des banquets du palais présidentiel "Sèkhoutouréya". Il était précédé du chef d’état major général des forces armées guinéennes, colonel Nouhou Thiam.

Trois minutes après, le Président de la transition a pris la parole pour tout d’abord, remercier les 24 candidats « Je voudrais commencer par vous remercier d’avoir répondu à mon invitation à un moment où chacun de vous s’attèle à mobiliser les guinéens pour les élections historiques de demain. A quelques heures de cette échéance qui braque tous les projecteurs sur notre pays et engage notre responsabilité commune devant notre nation et l’histoire, il est important de se rencontrer, de se parler dans un langage de vérité et de sincérité pour que ce dimanche 27 juin 2010 soit le triomphe de notre lutte commune, de nos idéaux de liberté et de démocratie plutôt qu’un retour en arrière, le réveil des vieux démons du désordre et de la violence»

C’est pourquoi, le général Konaté a, sans ambages, regretté les derniers événements douloureux qui ont émaillé la fin de la campagne électorale, en l’occurrence, les accrochages entres les cortèges politiques de Sidya Touré de l’UFR et de Cellou Dalein Diallo de l’UFDG : « je regrette et condamne avec la dernière énergie les dernières scènes de violences qui ont terni la campagne électorale pourtant dans l’ensemble, apaisée et civilisée. Nous avons enregistré de nouvelles victimes dans notre marche vers la démocratie».

En père de la nation le Président de la République de compatir : « Des morts de plus et de trop car trop de guinéens ont déjà perdu la vie pour faire de la Guinée une terre de liberté, de justice et de démocratie. A cette occasion, je présente mes condoléances les plus attristées aux familles éplorées ».
Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin, le général rassure : « Une fois que les circonstances de ces drames auront été déterminées et les responsabilités situées, je m’engage à ce que justice soit faite. D’abord, parce que la vie est sacrée. Ensuite parce que l’impunité explique encore certains actes. Enfin, on ne peut plus continuer à vivre comme dans une jungle, comme dans un Etat sans âme, ni autorité, ni personnalité. »

Il se muera en philosophe, le temps d’une tournure de phrase : « Quelqu’un l’a dit : si l’Etat est trop fort, il nous écrase ; quand il est trop faible, nous périssons. Trop de guinéens ont péri et souffert de l’absence chronique d’autorité de notre Etat, de l’anarchie, du désordre. Je tiens à dire solennellement devant vous que nous sommes parvenus à la paix aujourd’hui et la confiance entre nous. Je n’accepterais pas d’assister à une guerre fratricide à cause de calculs ou d’ambitions personnelles. Seul, je ne pourrai rien».

Le général Sékouba Konaté de souligner : « Mesdames et messieurs, je suis engagé à conduire la Guinée dans la paix et la sécurité aux premières élections libres, transparentes et équitables de toute son histoire. C’est certes un engagement personnel, mais c’est aussi une responsabilité collective. Dès le départ, j’ai prévenu que je ne crois pas au destin individuel. A Ouagadougou, le 15 janvier, il m’a été confié une mission exaltante qui, du reste, nous incombe à tous. Elle tient compte d’une volonté unanime exprimée par les guinéens et bénéficie du soutien déclaré de la communauté internationale. Celle-ci a beaucoup fait et continue à croire en nous.»

Pour le Président de la transition, « … La Guinée a voulu ces élections. Elle le fera et apprécie par la même occasion l’accompagnement des partenaires qui, pour les questions de délai et de procédures, parfois de principes démocratiques, n’ont pas comblé toutes les attentes… »
Il poursuit : « Pour ma part, le devoir patriotique, surtout les attentes des guinéens qui avaient perdu l’espoir en leur avenir, ont eu raison de mes réserves et de mes doutes. Nous avons décidé dès lors, d’agir ensemble ».

Le général Sékouba Konaté est un homme heureux qui regarde aujourd’hui les guinéens dans les yeux : « Vous avez tous attendu de moi que je respecte ma parole donnée. Je sais que vous avez eu peur que je ne sois pas capable de combler les espérances face à l’ivresse du pouvoir et ses tentations. Je sais aussi qu’après ce que je vous ai dit et surtout que vous avez remarqué, vous avez eu confiance en notre volonté et notre capacité, dans un partenariat franc de changer le cours de l’histoire et du destin de la Guinée.

« C’est à mon tour aussi de vous regarder pour voir où vous allez nous mener car pour la suite, l’avenir immédiat dépend plus aujourd’hui de vous à travers vos propos et votre comportement que de moi qui n’attends plus que de passer la main à celui d’entre vous qui sera élu à l’issue des élections.[Applaudissements] »

Rencontre de la vérité, Sékouba Konaté l’a voulue : « Chers leaders, je vous ai annoncé un entretien fondé sur la vérité. A partir de maintenant, c’est à vous de savoir ce que vous voulez : la paix, la liberté et la démocratie ou le désordre et l’instabilité pour la Guinée. C’est vous qui briguez les suffrages des électeurs. Ce sont vos messages que vos partisans suivent et relaient partout. Aussi, ma conviction est que si vous les leaders, les différents candidats, vous êtes unis et déterminés à aider la Guinée à gagner son pari démocratique, vos militants et partisans, parfaitement à votre écoute, feront la paix entre eux, parce qu’ils auront compris qu’ils défendent la même cause. »

« Pour cela, l’avenir et la stabilité de la Guinée doivent passer avant l’enjeu de la conquête du pouvoir et les passions de compétitions politiques et électorales. »

« Chers compatriotes, beaucoup se sont trompés sur les véritables enjeux de ces premières élections véritablement démocratiques. C’est vrai, un des candidats sera forcément élu. Mais l’intérêt que nous partageons, c’est de bâtir une démocratie ouverte sur tout le monde qui a vocation de rassembler enfin les guinéens au lieu d’accentuer les divisions, de raviver les vieilles rancunes. »

« Cette fois, il ne s’agit pas seulement d’élire un candidat, de porter une communauté au pouvoir. Non, non. Il s’agit de créer les conditions d’un avenir meilleur pour tous les guinéens et de réaliser le rêve de liberté et de progrès du peuple de Guinée tout entier. [Applaudissements] »

« C’est le message que moi, je vous aurais invité à passer dans les meetings animés conjointement. C’est cet appel auquel je m’attendais de la part de chacun et de tous durant cette campagne. Alors vos différents sympathisants auraient compris que chacun a pris son chemin, mais que vous êtes unis autour de l’essentiel, le bonheur des guinéens et la prospérité de la Guinée. »

« Chers candidats, plus le fossé sera grand entre vous, plus il y aura de risques d’affrontements entre vos partisans acquis à la cause de chacun d’entre vous. J’ai le sentiment aujourd’hui avec nos partenaires que j’ai reçus, que les guinéens qui viennent de loin, n’ont pas tiré les leçons de leur histoire tragique récente. Sinon avec l’opportunité historique de pouvoir prendre enfin notre destin, aucun de nous ne devrait tenir un propos ou poser et encourager un acte qui allongerait la liste déjà longue de nos martyrs. Personne ne devrait se hasarder à bloquer notre élan pour une Guinée nouvelle débarrassée de ses vieux démons...

« Demain, les guinéens sont appelés aux urnes pour élire le nouveau Président de la République. C’est un tournant dans notre avenir et le destin de notre nation. C’est demain que la Guinée amorcera pour toujours ou reculera en fonction de la manière dont nous allons accomplir nos obligations civiques ; et surtout nous allons accueillir les résultats. A ce propos, j’invite les électeurs au calme et les candidats à la retenu. Avant la proclamation et la validation des résultats du vote par les voix autorisées, nul n’est fondé à anticiper ou spéculer pour jeter le trouble dans l’opinion et entamer la crédibilité des opérations de vote. [Applaudissements] »

« A temps, chacun sera situé sur le vainqueur et les vaincus. D’ailleurs, c’est moins important tout cela que le sentiment de fierté de chacun d’entre nous d’avoir contribué à une œuvre historique, l’élection de notre Président dans la transparence et la liberté pour la première fois de notre vie et de notre histoire. C’est la victoire et la gloire qui attendent chacun et tous après les élections. Que peut-on espérer de plus, appelés ensemble aujourd’hui à ne voir que le Guinée de demain dont l’élection du 27 juin 2010 sera l’acte fondateur ».

Un conseil plein de sagesse de la part du général Sékouba Konaté : « Si l’on disait hier que le problème de la Guinée c’est son armée, aujourd’hui, elle se révèle une chance pour son adhésion totale au succès de la transition et son sens élevé au devoir et de la responsabilité. Alors, évitons que cette armée réconciliée avec elle-même et pour la première fois toute acquise aux élections en général, au respect des institutions et l’ordre constitutionnel, ne dise à son tour que les hommes politiques n’ont pas su saisir l’offre de démocratie qu’elle leur a faite. [Applaudissements] Pour ainsi dire, c’est à nous de décider à partir de la date historique du 27 juin, ce que nous voulons pour nous-mêmes et notre pays qu’on n’a pas le droit de prendre en otage pour une fois et de condamner à l’éternel recommencement. Tous, nous sommes devant le jugement de l’histoire. » - AfricaLog
 

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