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La destitution du président du Bénin bloquée au Parlement

Aug 21, 2010

Le président de l'Assemblée nationale béninoise a rejeté une demande de destitution du chef de l'Etat, le président Boni Yayi, pour son rôle présumé dans une escroquerie financière dont auraient été victimes plusieurs milliers de ses concitoyens.

Une cinquantaine des 83 membres du Parlement ont signé une lettre lui demandant de se présenter volontairement devant la justice pour répondre de trahison et de faux témoignage.

Le président Yayi est soupçonné d'être mêlé à une opération frauduleuse impliquant la société ICC Services, accusée d'avoir détourné quelque 100 milliards de francs CFA (150 millions d'euros environ) en faisant miroiter des placements d'un rendement de l'ordre de 20 à 50%.

L'escroquerie reposait sur le schéma dit de la "pyramide de Ponzi", où l'argent des derniers investisseurs attirés par les promesses d'enrichissement finance les intérêts versés aux premiers. Les sommes déposées étaient bloquées, et les épargnants n'ont pu retirer leurs économies.

Vendredi, Mathurin Coffi Nago, président de l'assemblée, a annoncé que la demande des députés était rejetée faute d'avoir observé les procédures requises.

On ignore pour l'instant si une nouvelle demande de procédure de destitution va être déposée.
Une majorité des deux-tiers est requise pour convoquer le chef de l'Etat et le soumettre à un procès pour trahison et faux témoignage.

Le président a déjà nié, par l'intermédiaire de son porte-parole, tout rôle dans cette affaire.
Dans leur lettre, les parlementaires accusent Yayi d'avoir reçu des représentants d'ICC Services à deux reprises au palais présidentiel et d'avoir "autorisé la société à mener ses activités illégales sur le territoire du Bénin".

L'affaire a déjà eu des répercussions politiques: en juillet, Yayi a limogé son ministre de l'Intérieur, affirmant qu'il était directement mêlé à l'escroquerie.

Ce même mois, 100.000 Béninois étaient descendus dans la rue pour exiger des pouvoirs publics qu'ils les aident à récupérer leur argent perdu.

Pour l'analyste Kissy Agyemen-Togobo, du cabinet IHS Global Insight, l'affaire risque de provoquer des turbulences politiques à l'approche des élections de 2011 dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, anciennement appelé Dahomey et situé entre le Togo et le Nigeria. – Reuters
 

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