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Guinée: Justice ou te caches-tu?

Sep 14, 2010

Opinion de Diallo Elhadj Oumar

J’ai honte, je suis déçu et révolté. Il me semble que l’on a une fois de plus sacrifié des Guinéens sur l’autel des intérêts politico-économiques.

Parodie de justice, simulacre d'enquête, les institutions de notre pays marchent sur la tête !
Il serait temps que les Guinéens se réveillent et demandent des comptes à ceux chargés de les représenter, alors que ces derniers ne s'intéressent qu'à leurs intérêts.

Le ‘’procès’’ intenté à Ben Sékou et autres et la parodie de justice qui s'en est suivie sont une résurgence pathétique du règne de l'arbitraire dont une majorité de Guinéens sont décidés à briser les chaînes. Les commanditaires et les pâles exécutants d'une telle indignité doivent savoir qu'ils seront tôt ou tard rattrapés par l'Histoire.

En fait, le procès de la CENI (organe libre et indépendant mis sur pied à la suite d’une longue lutte politique menée par toute l’opposition) nous rappelle cruellement qu'un autre procès tarde à s'ouvrir : celui de l'impunité. ‘’ Du Camp Boiro aux événements tragiques du 28 septembre en passant naturellement pour tous les douloureux événements intermédiaires’’.

’’La liberté de la presse ne s'use que si l'on ne s'en sert pas", rappelle un grand hebdomadaire satirique français. J'espère que les Guinéens vont enfin s’en servir, car la modernisation de la Guinée passe, j'en suis sûr, par la liberté de parole pour dénoncer toutes ces pratiques que nous avons toujours passé sous silence pour s’être abstenus de les dénoncer.

Tous les guinéens sont unanimes sur le fait que le premier tour a connu des irrégularités, des manquements et des défaillances et tout le monde est d’accord que la CENI devait travailler à corriger ces erreurs. Mais delà à incriminer la CENI à travers un procès qu’on ne peut plus politique, relève de la mauvaise de foi.

Le discrédit qui s’étend de façon générale sur la classe politique Guinéenne menace notre pays mais, seuls certains politiques irresponsables en sont responsables.

Peuple de Guinée, l’appareil judiciaire est devenu une machine de règlement de comptes et de corruption avec le risque majeur qu’avec son manque de fiabilité, il ne peut plus sécuriser et mettre en confiance les citoyens et les investisseurs. C’est pourquoi j’appelle avec insistance le peuple Guinéen à se réveiller et à dire non à une justice instrumentalisée qui nargue notre peuple et spolie les honnêtes citoyens dont l’intégrité ne peut que gêner une justice déjà souillée.

L’heure est donc grave et j’invite les fils et les filles de notre chère patrie qui ne l’auraient pas encore compris à se réveiller. Si nous continuons par notre silence à cautionner la parodie de justice, nous aurons tous démissionné et l’histoire ne nous pardonnera pas.

Les nombreux vices de procédure qui ont entaché le procès expéditif infligé aux deux membres de la ceni et cette hâte judiciaire suspecte d’en finir avec cette institution représentent une parfaite illustration de cette parodie de justice.

On aurait cru se trouver face à un cas d’espèce en vigueur dans les “ justices expéditives à sens unique” des dictatures latino-américaines ou asiatiques en prononçant de lourdes peines à l’encontre de mis en cause neutralisés dans l’incapacité de se défendre. C’est tout bonnement scandaleux et singulièrement révoltant parce que des intentions préméditée ont téléguidé la sentence judiciaire destinée à “clouer le bec” aux autres membres de la ceni afin de laisser la totale gestion des élections au Matap comme le rêve un certain ‘’premier’’ ministre fictif a la solde du vrai premier ministre. Devinez de qui s’agit-il.

Chers Compatriotes,

Les faits sont têtus. Cette parodie de justice expédiée en quelques jours pour délibérer du verdict final sans avoir entendu ni la plaidoirie de la défense ni les mis en cause eux-mêmes nous rappelle les séquelles coriaces de l’époque des tribunaux populaires d’une certaine révolution a la sauce Guinéenne avec les “exécutions sommaires”.

Guinéennes et Guinéens,

Entendons-nous bien pour que les choses soient bien claires. L’Etat de droit s’applique à tous les justiciables ‘’y compris ceux qui font l’apologie du crime et des criminels, connus dans l’histoire de la Guinée indépendante pour s’être illustrés dans des faux complots, des pendaisons et autres traitements inhumains et dégradants’’ pourvu que la machine judiciaire évolue dans les règles de l’art des jugements impartiaux rendus en société fondée sur la séparation des pouvoirs. Ce qui, hélas, a été outrepassé délibérément dans le procès intenté à ces pauvres citoyens dans une version expéditive, bâclée, lourde et de peines disproportionnées par rapport à la gravité du délit, si délit il y’a, pour ne pas parler simplement d’amateurisme dans l’exercice de ce métier si noble sous d’autres cieux.

Non, ces dérapages menacent la liberté du citoyen en Guinée et compromettent les avancées démocratiques d’une société fragile en pleine transition.

Je dis non à une parodie de justice, une pièce de théâtre; une justice qui favorise les forts.

Nous voulons la justice, la vraie, l'équitable et non des spectacles qui visent à valider la théorie du complot afin de fournir à l’alliance qui a intérêt de ne pas aller aux élections, de tenter de freiner le processus démocratique pour lequel plusieurs centaines de Guinéens y ont laissé leurs vies.

Diallo Elhadj Oumar
Bruxelles
dialloeo@hotmail.com

 

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