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Les pro-Gbagbo appellent à l’assaut pour déloger Ouattara

Dec 30, 2010

Les partisans de Laurent Gbagbo ont appelé mercredi à prendre d'assaut le quartier général de son rival Alassane Ouattara à Abidjan, protégé par les Casques bleus de la mission onusienne en Côte d'Ivoire, qui a dénoncé les «appels à la haine» à son encontre.

Après avoir reporté - en signe d'apaisement durant les négociations diplomatiques en cours - un grand rassemblement prévu ce mercredi à Abidjan, le leader des «jeunes patriotes» pro-Gbagbo a signifié que l'heure de l'affrontement était proche, à l'issue d'un mois de crise née de la présidentielle du 28 novembre.

«Au-delà du 1er janvier, moi Charles Blé Goudé et les jeunes de Côte d'Ivoire, allons libérer le Golf Hôtel les mains nues», a-t-il lancé devant quelques milliers de partisans.

Reconnu président sur le plan international, Alassane Ouattara est retranché avec son gouvernement dans cet hôtel de luxe soumis à un blocus des forces pro-Gbagbo. Le «Golf» est protégé par des éléments de l'ex-rébellion alliée à Ouattara et par les 800 Casques bleus de la mission onusienne, l'Onuci.

Au lendemain d'une attaque contre un convoi de l'Onuci, au cours de laquelle un Casque bleu a été blessé, l'ONU a accusé la télévision d'Etat RTI, contrôlée par le régime Gbagbo.

Selon Alain Le Roy, chef des opérations de maintien de la paix aux Nations unies, la chaîne relaie des «appels à la haine» contre cette force de quelque 9000 hommes, dont le président sortant a exigé le départ.

Alors que la crise post-électorale a été marquée par des violences meurtrières, l'ambassadeur nommé par Ouattara aux Nations unies, Youssouf Bamba, a sonné l'alarme. «Nous sommes à deux doigts d'un génocide. Il faut faire quelque chose», a-t-il exhorté, demandant à l'Onuci de protéger les civils.

Au moins 173 personnes ont été tuées selon l'ONU autour de la mi-décembre. Le gouvernement Gbagbo a évoqué un bilan de 53 morts depuis fin novembre, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales au sortant).

Dans ce contexte intérieur très tendu, l'Afrique de l'Ouest a cependant privilégié la négociation, même si elle se préparait à une éventuelle opération militaire pour chasser Gbagbo.

«Nous discutons toujours», a déclaré le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays).

Mandatés par l'organisation régionale, les présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires étaient venus voir mardi Gbagbo à Abidjan pour lui adresser un ultimatum: céder le pouvoir ou prendre le risque d'une intervention armée ouest-africaine.

Les émissaires «y retournent le 3 janvier», a annoncé Jonathan devant la presse, après un entretien avec Koroma et Pires dans la capitale fédérale nigériane Abuja.

«Quand il y a une dispute, c'est le dialogue qui résout tous les différends, ce dialogue est en cours», a expliqué le président Jonathan.

Une intervention militaire «semble, heureusement, écartée pour le moment», a déclaré Jorge Borges, secrétaire d'Etat capverdien aux Affaires étrangères.

L'usage de la force restait toutefois possible puisque les chefs d'état-major des pays de la région se sont réunis mardi et mercredi à Abuja pour évoquer le dossier ivoirien.

Selon un haut responsable militaire, la réunion était notamment consacrée à «la question de la logistique». «La Cédéao souhaite envoyer une force de 2.000 à 3.000 hommes», a indiqué une source diplomatique, tout en s'interrogeant sur sa capacité à y arriver.

«L'option militaire reste sur la table», en a conclu le porte-parole du gouvernement Ouattara, Patrick Achi.

La pression internationale restait forte sur le pouvoir en place. L'Union européenne va porter à 61 le nombre de proches de Gbagbo qui seront interdits de visas, selon une source diplomatique.

Sur le terrain, après l'appel à la grève générale du camp Ouattara, l'activité était assez peu affectée dans certains quartiers d'Abidjan, mais dans d'autres la métropole avait des airs de ville morte, entre commerces fermés et circulation quasi-inexistante.

Il ya risque de génocide selon l'ambassadeur de Ouattara à l'ONU

L'ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'ONU désigné par Alassane Ouattara, le président ivoirien reconnu par les Nations unies, a demandé mercredi à l'organisation d'agir pour empêcher un "génocide" dans son pays.

"Nous sommes à deux doigts d'un génocide, il faut faire quelque chose", a dit Youssouf Bamba. Lui et son équipe ont été reconnus le 23 décembre par l'Assemblée générale des Nations unies comme les représentants de leur pays auprès de l'organisation internationale.

L'ambassadeur ivoirien à l'ONU a indiqué qu'Alassane Ouattara était "vraiment inquiet" des attaques perpétrées contre ses partisans. Des personnes ont été tuées uniquement "parce qu'elles voulaient manifester, se faire entendre, défendre la volonté du peuple", a-t-il dit à des journalistes.

Il a expliqué que dans certaines zones les maisons avaient été marquées en fonction de l'appartenance tribale de leurs propriétaires. "Qu'est-ce qui va se passer après? La situation est très grave et c'est le message que j'ai transmis au cours des rencontres que j'ai eues, y compris avec le secrétaire général" de l'ONU Ban Ki-moon, a ajouté M. Bamba.

"La protection des civils est au coeur de (l'opération) de maintien de la paix (de l'ONU) et nous attendons des Nations unies qu'elles remplissent leur mission", a-t-il dit.

La force des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) est composée de 9.105 hommes et femmes représentant 42 pays. Elle prévoit entre autres mesures le recours à la force en cas de menace contre la paix.

Laurent Gbagbo a exigé son départ, l'accusant de soutenir l'ex-rébellion alliée à Alassane Ouattara. AfricaLog avec agence

 

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