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Les Ivoiriens hostiles à une intervention militaire étrangère

Jan 10, 2011

Bon nombre d'Ivoiriens demeurent hostiles à une intervention militaire étrangère pour régler le bras de fer entre le président sortant Laurent Gbagbo et son rival adoubé par la communauté internationale, Alassane Ouattara, même au prix d'une longue impasse politique.

Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont menacé Laurent Gbagbo d'un recours à la force mais il maintient son emprise à la fois sur l'armée et sur les financements provenant du cacao, dont le pays est le premier exportateur mondial.

Le mois dernier, une manifestation a débouché sur des incidents sanglants incitant les habitants d'Abidjan à se cloîtrer chez eux, mais aujourd'hui, les rues du centre économique du pays ont retrouvé une certaine animation.

Cependant, à voir le nombre de chômeurs trompant leur ennui en buvant de la bière bon marché, on mesure à quel point l'économie subit le contrecoup de l'impasse politique.

"On ne veut pas de force militaire. Ça ne règlera rien", dit Amed Jimoh, un étudiant de 29 ans qui, de crainte de représailles, préfère taire le nom du candidat pour lequel il a voté au second tour du scrutin présidentiel, le 28 novembre.

"On espère que toutes les parties comprennent qu'il faut régler cette crise sans violence. Nous voulons une solution qui apporte la paix", ajoute-t-il en exprimant la crainte de voir se répéter la guerre civile de 2002-2003.

John Atta Mills, président du Ghana voisin, a déclaré vendredi que son pays ne participerait pas et n'apporterait pas son soutien à une intervention militaire pour chasser Laurent Gbagbo du fauteuil présidentiel.

Un million environ de Ghanéens vivent en Côte d'Ivoire et, tout comme d'autres expatriés originaires de la région, ils pourraient devenir la cible de partisans de Gbagbo en cas d'intervention militaire de pays voisins.

LOURD IMPACT ÉCONOMIQUE

Bien avant la guerre, Abidjan était considérée comme la perle de l'Afrique de l'Ouest avec ses immeubles modernes, ses hôtels, ses cafés chics, ses grandes artères et sa patinoire.
L'élection présidentielle du 28 novembre était censée réunir un pays divisé depuis la guerre civile, mais elle n'a fait qu'aggraver la fracture entre le Nord et le Sud, qui était déjà à l'origine du conflit.
Commerçants, débitants de boissons et fournisseurs de services, tous se plaignent d'une baisse de leurs activités.

"Beaucoup de gens restent chez eux, ils ont peur de sortir: tout peut arriver. Voyez comme les rues sont calmes", constate Anderson Djé, un enseignant, en parcourant des yeux une rue déserte, à l'exception d'un taxi et d'une jeune fille vendant des fruits.

"Cette crise nous épuise. Les affaires sont plombées, personne ne veut investir. Personne ne pense qu'une intervention militaire est la solution. Ça entraînerait une nouvelle guerre civile", prédit-il.

Un millier d'expatriés d'Afrique de l'Ouest ont participé dimanche soir en un endroit contrôlé par les partisans de Laurent Gbagbo à un rassemblement pour réclamer une solution politique plutôt que militaire
Alassane Ouattara a déclaré la semaine dernière qu'une opération commando limitée pourrait déloger Laurent Gbagbo sans provoquer de guerre, mais des analystes doutent que cela soit possible.

L'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a été le dernier médiateur en date à tenter de convaincre Laurent Gbagbo de céder le pouvoir. Il a fait part dimanche de son optimisme, sans toutefois exclure de recours à la force.

De nombreux Ivoiriens sont résignés à une longue impasse, d'autres toutefois notent qu'un dialogue a déjà été tenté et a débouché sur l'organisation du scrutin présidentiel.

"On en a vraiment assez de tout ça. Quelle que soit la solution, ils ont intérêt à se dépêcher", s'impatiente Estelle Subia, une couturière. - Reuters

 

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