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Abidjan martyrisée!

Mar 04, 2011

Abidjan a connu jeudi de nouvelles violences avec la mort d’au moins six femmes, tuées par balles par les forces du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo qui ont dispersé un rassemblement dans le quartier d’Abobo, fief d’Alassane Ouattara, ont rapporté des témoins.

La montée des tensions depuis la mi-février ne cesse d’inquiéter à l’extérieur, où l`on redoute que la crise née du scrutin de novembre ne tourne à la guerre civile.

Cinquante personnes avaient déjà été tuées dans la semaine précédent cet incident, portant à au moins 365 le nombre de tués depuis fin 2010, selon l’ONU.

Les violences de jeudi sont survenues à Abobo, dans le nord de la capitale économique, épicentre du conflit entre le régime de Laurent Gbagbo et le camp d’Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale.

Plusieurs centaines de femmes s`étaient réunies dans la matinée à un rond-point du quartier et scandaient les slogans "Gbagbo, dégage!" ou "Alassane président", a indiqué à l’AFP un habitant.

Quand les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales au dirigeant sortant, à bord notamment d’un blindé, "sont arrivées au niveau du regroupement, elles ont ouvert le feu", a raconté un autre.

"Six femmes ont été tuées sur-le-champ", a-t-il dit, tandis que d’autres témoins évoquaient des bilans plus lourds. Il y a eu "beaucoup de blessés", ont-ils précisé.

Des traces de sang restaient sur la chaussée après la dispersion des manifestantes. Sur la voie principale d’Abobo et dans nombre de ruelles, des jeunes pro-Ouattara avaient barré les accès avec des carcasses de voitures, des pneus brûlés ou des tables renversées.

Abobo a aussi été le théâtre d’affrontements d`une tout autre nature la semaine dernière, avec des combats à l’arme lourde entre FDS et insurgés.

Sur les 50 décès survenus dans des violences dans la semaine écoulée, "26 civils" ont été tués à Abobo, selon Guillaume Ngefa, un responsable des droits de l`Homme au sein de la mission de l`ONU dans le pays, l'Onuci.

En outre, "plus de 200.000 personnes" ont déjà fui le quartier (au moins 1,5 million d'habitants), a-t-il dit.

Après les violences de jeudi, les Etats-Unis, qui avaient recommandé la veille à leurs ressortissants de quitter la Côte d`Ivoire, ont dénoncé la "faillite morale" de Laurent Gbagbo.

La Haut commissaire de l’ONU aux droits de l`Homme, Navi Pillay, s'est dite "extrêmement préoccupée" par l`escalade de la violence et a fustigé "les attaques de supporters de Gbagbo contre le personnel de l`ONU, des civils et des Casques bleus".

Des membres du Conseil de sécurité de l’ONU - qui tenait des consultations à huis clos sur la Côte d`Ivoire - ont fait part de leur "profonde inquiétude", selon l`expression d’un diplomate allemand. "Le statu quo n'est pas la solution", a renchéri l`ambassadeur d’Allemagne à l’ONU Peter Wittig.

Alors que la situation intérieure se dégrade rapidement, aucune issue politique ne se dessine pourtant.

Le panel de cinq chefs d`Etat africains chargé par l’Union africaine de dénouer la crise ivoirienne, censé arrêter fin février des solutions "contraignantes", a finalement tout le mois de mars pour y arriver, signe des divisions en son sein.

Il doit se retrouver vendredi à Nouakchott, sous la présidence du chef de l’Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. - AfricaLog avec agences
 

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