Plus de 73 millions de Nigérians votaient samedi pour élire leur président parmi 20 candidats, lors d'un scrutin que les autorités se sont efforcées d'organiser de manière transparente.
Le président sortant Goodluck Jonathan, 53 ans, un chrétien du Sud qui se représente, est donné favori face à une opposition qui a échoué cette semaine à former une alliance.
Certains analystes voient toutefois dans l'ex-dictateur Muhammadu Buhari, 69 ans, très populaire dans le Nord musulman, un vrai rival pour M. Jonathan.
Parmi les candidats qui comptent, figurent encore Nuhu Ribadu, un «monsieur propre» qui a dirigé l'agence anti-corruption du Nigeria, et Ibrahim Shekarau, gouverneur sortant de l'État de Kano, dans le Nord.
À quelques heures du scrutin, deux bombes ont explosé à Maiduguri (nord-est).
Les bureaux de vote du pays le plus peuplé d'Afrique avec 155 millions d'habitants et premier producteur de pétrole du continent ont ouvert comme prévu à 3H00 HNE (08H00 locale), voire plus tôt comme à Abuja où de longues files d'électeurs s'étaient formées.
Le vote proprement dit devait débuter à 7H30 HNE, les premières heures étant consacrées à la vérification des listes électorales et des cartes d'électeurs.
Le président Jonathan devait voter dans la matinée dans l'État de Bayelsa, dans le delta du Niger (sud), une région pétrolifère dont il est originaire.
Muhammadu Buhari a été acclamé par ses partisans à son arrivée au bureau de vote de Daura (nord), tout près de la frontière avec le Niger.
Ni l'un ni l'autre n'ont fait de déclaration.
Il y a une semaine, les Nigérians ont voté aux législatives et le 26 avril, auront lieu les élections des gouverneurs de la fédération ainsi que des assemblées régionales.
Les autorités s'efforcent de rompre avec la tradition des précédents scrutins marqués depuis près de deux décennies par des violences et des fraudes.
Le pays s'est notamment doté d'un nouveau fichier électoral électronique comportant les empreintes digitales des plus de 73 millions d'inscrits. La précédente liste était truffée d'électeurs fantômes.
Peu avant l'ouverture du scrutin, une bombe a explosé et des tirs sporadiques ont éclaté à Maiduguri, selon un porte-parole officiel qui n'était pas en mesure de dire s'il y a eu des victimes. Une première bombe avait explosé dans la nuit, près d'un centre électoral de cette ville sans faire de victime.
Maiduguri a déjà été frappée par deux attentats lors des législatives.
Malgré des épisodes de violence isolés le 9 avril, faisant notamment 13 morts dans un attentat à Suleija (centre), les observateurs électoraux avaient salué une nette amélioration par rapport aux précédents scrutins législatifs.
Le Parti démocratique du Peuple (PDP, au pouvoir) a vu sa suprématie s'éroder avec la perte de sièges au profit de l'opposition. Les résultats définitifs n'ont pas encore été proclamés.
Goodluck Jonathan, vice-président devenu chef de l'État en mai 2010 suite au décès de son prédécesseur Umaru Yar'Adua (2007-2010), est le candidat du PDP, qui a remporté toutes les présidentielles depuis 1999.
Le général Buhari qui a dirigé le Nigeria d'une main de fer en 1984-1985 et brigue la présidence pour la troisième fois, peut compter sur des millions d'électeurs du Nord qui estiment que la présidence devrait lui revenir, en vertu d'une règle non-écrite prévoyant une rotation du pouvoir entre le Nord et le Sud.
Yar'Adua, musulman du Nord également, est mort avant la fin de son premier mandat.
Les analystes prédisent «une lutte sans merci» entre Jonathan et Buhari. Certains évoquent un second tour, ce qui serait une première depuis 1999. - AFP