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La mutinerie gagne Koudougou, dans l’Ouest du Burkina Faso

Apr 18, 2011

La mutinerie de soldats du Burkina Faso, entamée jeudi au sein de la propre garde du président Blaise Compaoré à Ouagadougou, s'est étendue à d'autres corps d'armée et à trois autres villes, et une quatrième a connu lundi une violente manifestation de jeunes.

Des jeunes ont manifesté violemment à Koudougou (ouest), incendiant le siège du parti au pouvoir et une résidence de l'ex-Premier ministre, Tertius Zongo, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Dans la nuit de dimanche à lundi, la ville de Kaya (nord) a été la quatrième à avoir été gagnée par la mutinerie commencé jeudi soir dans la capitale Ouagadougou.

A Pô (sud), ville située à 143 km de Ouagadougou et où sont formées les unités d'élite de l'armée, une solution semblait en vue, a indiqué une source sécuritaire proche de l'état-major.

Les mutins "n'avaient pas reçu leurs salaires du mois de mars. Ils veulent aussi que leurs indemnités soient alignés sur celles de la garde présidentielle. Une solution a été trouvée hier" soir, selon cette source, qui a ajouté: "les salaires doivent être payés aujourd'hui" lundi.

A Kaya, les soldats, dont les revendications ne sont pas encore connues, ont cessé leurs tirs en l'air lundi matin, faute de munitions, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire. "Ils ne peuvent plus tirer parce que compte tenu de la situation, on avait mis tout le matériel et les munitions en sécurité", a-t-elle précisé.

Des soldats et des gendarmes étaient sortis dimanche soir dans les rues de cette ville située à une centaine de km au nord-est de Ouagadougou, tirant en l'air jusqu'à 06H00 lundi (locales et GMT), ont rapporté des témoins à l'AFP.

C'est la première fois que des gendarmes participaient à la mutinerie.

Les mutins ont incendié le domicile du chef du corps du régiment de commandement d'appui et de soutien (CAS) et saccagé celui du commandant de la 1ère région militaire, celle de Kaya, ont affirmé des habitants de la ville interrogés par téléphone depuis Ouagadougou.

Le calme était également revenu à Tenkodogo (est), théâtre d'une mutinerie de soldats dimanche, selon des témoins.

Dans la capitale, qui depuis jeudi soir avait des allures de ville morte, la vie reprenait son cours normal lundi matin, a constaté un journaliste de l'AFP, la plupart des banques et des services publics ayant rouvert leurs portes.

Sur le marché central, théâtre samedi de violences provoquées par des commerçants excédés par l'action des militaires qui avaient pillé et saccagé de nombreuses boutiques, les mêmes commerçants étaient présents, mais n'avaient pas ouvert leurs étals.

Le gouvernement a ordonné lundi la réouverture des stations-services dont la fermeture avait provoqué des problèmes d'approvisionnement en carburant.

Au moins 43 personnes ont été blessées par balle depuis jeudi à Ouagadougou et deux à Pô, selon un décompte de l'AFP à partir de sources hospitalières. Des cas de viols ont également été signalés.

Le mouvement de contestation était parti jeudi soir de la propre garde présidentielle du chef de l'Etat Blaise Compaoré, puis s'est les jours suivants étendu à d'autres garnisons de la capitale, et aux trois autres villes.

Pour tenter de contenir la révolte, M. Compaoré a versé à la garde présidentielle une prime de logement et d'alimentation promise, dissous son gouvernement, nommé de nouveaux responsables des forces armées et instauré un couvre-feu dans la capitale.

Le pouvoir est confronté depuis février à plusieurs mouvements de contestation des jeunes, des magistrats, des commerçants et des soldats. Au moins six personnes ont été tuées lors de manifestations violentes.

Le 8 avril, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté pacifiquement dans plusieurs villes du pays contre le régime Compaoré, dénonçant également des conditions de vie de plus en plus difficiles.

M. Compaoré a été réélu quatre fois avec plus de 80% des voix depuis son arrivée au pouvoir en 1987 par un coup d'Etat. Son mandat en cours, entamé en novembre 2010, doit théoriquement s'achever en 2015. - AFP
 

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