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Les vraies raisons de la guerre en Libye

Jul 01, 2011

Par Jean-Paul Pougala

1-Premier satellite Africain RASCOM 1

C’est la Libye de Kadhafi qui offre à toute l’Afrique sa première vraie révolution
des temps modernes : assurer la couverture universelle du continent pour la
téléphonie, la télévision, la radiodiffusion et de multiples autres applications
telles que la télémédecine et l’enseignement à distance ; pour la première fois, une
connexion à bas coût devient disponible sur tout le continent, jusque dans les
zones rurales grâce au système par pont radio WMAX.

L’histoire démarre en 1992 lorsque 45 pays africains créent la société RASCOM pour
disposer d’un satellite africain et faire chuter les coûts de communication sur le
continent. Téléphoner de et vers l’Afrique est alors le tarif le plus cher au monde,
parce qu’il y avait un impôt de 500 millions de dollars que l’Europe encaissait par
an sur les conversations téléphoniques même à l’intérieur du même pays africain,
pour le transit des voix sur les satellites européens comme Intelsat. Un satellite
africain coûtait juste 400 millions de dollars payable une seule fois et ne plus
payer les 500 millions de location par an. Quel banquier ne financerait pas un tel
projet ? Mais l’équation la plus difficile à résoudre était : comment l’esclave
peut-il s’affranchir de l’exploitation servile de son maître en sollicitant l’aide
de ce dernier pour y parvenir ? Ainsi, la Banque Mondiale, le FMI, les USA, l’Union
Européenne ont fait miroiter inutilement ces pays pendant 14 ans.

C’est en 2006 que Kadhafi met fin au supplice de l’inutile mendicité aux prétendus
bienfaiteurs occidentaux pratiquant des prêts à un taux usuraire; le guide Libyen a
ainsi mis sur la table 300 millions de dollars, La Banque Africaine de Développement
a mis 50 millions, la Banque Ouest Africaine de Développement, 27 millions et c’est
ainsi que l’Afrique a depuis le 26 décembre 2007 le tout premier satellite de
communication de son histoire. Dans la foulée, la Chine et la Russie s’y sont mises,
cette fois en cédant leur technologie et ont permis le lancement de nouveaux
satellites, Sud-Africain, Nigérian, Angolais, Algérien et même un deuxième satellite
africain est lancé en juillet 2010. Et on attend pour 2020, le tout premier
satellite technologiquement 100% africain et construit sur le sol africain,
notamment en Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les meilleurs du
monde, mais à un coût 10 fois inférieur, un vrai défi.

Voilà comment un simple geste symbolique de 300 petits millions peut changer la vie
de tout un continent. La Libye de Kadhafi a fait perdre à l’Occident, pas seulement
500 millions de dollars par an mais les milliards de dollars de dettes et
d’intérêts que cette même dette permettait de générer à l’infini et de façon
exponentielle, contribuant ainsi à entretenir le système occulte pour dépouiller
l’Afrique.

2. Fond Monétaire Africain, Banque Centrale Africaine, Banque Africaine des
Investissements

Les 30 milliards de dollars saisis par M. Obama appartiennent à la Banque Centrale
Libyenne et prévu pour la contribution libyenne à la finalisation de la fédération
africaine à travers 3 projets phare :
- la Banque Africaine d’Investissement à Syrte en Libye,
- la création dès ce 2011 du Fond Monétaire Africain avec un capital de 42 milliards
de dollars avec Yaoundé pour siège,
- la Banque Centrale Africaine avec le siège à Abuja au Nigeria dont la première
émission de la monnaie africaine signera la fin du Franc CFA grâce auquel Paris a la
main mise sur certains pays africains depuis 50 ans.

On comprend dès lors et encore une fois la rage de Paris contre Kadhafi. Le Fond
Monétaire Africain doit remplacer en tout et pour tout les activités sur le sol
africain du Fond Monétaire International qui avec seulement 25 milliards de dollars
de capital a pu mettre à genoux tout un continent avec des privatisations
discutables, comme le fait d’obliger les pays africains à passer d’un monopole
publique vers un monopole privé. Ce sont les mêmes pays occidentaux qui ont frappés
à la porte pour être eux aussi membres du Fond Monétaire africain et c’est à
l’unanimité que le 16-17 décembre 2010 à Yaoundé les Africains ont repoussé cette
convoitise, instituant que seuls les pays africains seront membres de ce FMA.

Il est donc évident qu’après la Libye la coalition occidentale déclarera sa
prochaine guerre à l’Algérie, parce qu’en plus des ses ressources énergétiques
énormes, ce pays a une réserve monétaire de 150 milliards d’Euros. Ce qui devient la
convoitise de tous les pays qui bombardent la Libye et qui ont tous quelque chose en
commun, ils sont tous financièrement en quasi faillite, les USA à eux seuls ont
14.000 Milliards de dollars de dettes, La France, la Grande Bretagne et l’Italie
ont chacun environ 2.000 milliards de dettes publiques alors que les 46 pays
d’Afrique Noire ont au total moins de 400 milliards de dollars de dettes publiques.
Créer des fausses guerres en Afrique dans l’espoir de trouver de l’oxygène pour
continuer leur apnée économique qui ne fait que s’empirer ne fera qu’enfoncer les
Occidentaux dans leur déclin qui a pris son envol en 1884, lors de la fameuse
Conférence de Berlin. Car comme l’avait prédit l’économiste Américain Adams Smith en
1865, dans son soutient à Abraham Lincoln pour l’abolition de l’esclavage,
«l’économie de tout pays qui pratique l’esclavage des noirs est en train d’amorcer
une descente vers l’enfer qui sera rude le jour où les autres nations vont se
réveiller »

3- Unions régionales comme frein à la création des États Unis d'Afrique

Pour déstabiliser et détruire l’union Africaine qui va dangereusement (pour
l’Occident) vers les États-Unis d’Afrique avec la main de maître de Kadhafi,
l’Union Européenne a d’abord tenté sans y parvenir la carte de la création de l’UPM
(Union Pour la Méditerranée) Il fallait à tout prix couper l’Afrique du Nord du
reste de l’Afrique en mettant en avant les mêmes thèses racistes du 18-19ème siècle
selon lesquelles les populations africaines d’origine Arabes seraient plus
évoluées, plus civilisées que le reste du continent. Cela a échoué parce que
Kadhafi a refusé d’y aller. Il a compris très vite le jeu à partir du moment où on
parlait de la Méditerranée en associant quelques pays africains sans en informer
l’Union Africaine, mais en y invitant tous les 27 pays de l’Union Européenne.

L’UPM sans le principal moteur de la fédération africaine était foirée avant même de
commencer, un mort-né avec Sarkozy comme Président et Mubarack, le vice-président.
Ce qu’Alain Juppé tente de relancer, tout en misant sur la chute de Kadhafi, bien
sur. Ce que les dirigeants Africains ne comprennent pas est que tant que ce sera
l’Union Européennes à financer l’Union Africaine, on sera toujours au point de
départ, car dans ces conditions, il n’y aura pas d’effective indépendance. C’est
dans le même sens que l’Union Européenne a encouragé et financé les regroupements
régionaux en Afrique. Il était évident que la CEDEAO qui a une Ambassade à Bruxelles
et qui tire l’essentiel de son financement de l’UE, est un obstacle majeur contre la
fédération africaine. C’est ce que Lincoln avait combattu dans la guerre de
sécession aux États-Unis, parce qu’à partir du moment où un groupe de pays se
retrouvent autour d’une organisation politique régionale, cela ne peut que
fragiliser l’organe central. C’est ce que l’Europe voulait et c’est ce que les
Africains n’ont pas compris en créant coup sur coup, la COMESA, l’UDEAC, la SADC et
le Grand Maghreb qui n’a jamais fonctionné encore une fois grâce à Kadhafi qui lui
l’avait très bien compris.

4-Kadhafi, l'Africain qui a permis de laver l'humiliation de l'Apartheid

Kadhafi est dans le cœur de presque tous les Africains comme un homme très généreux
et humaniste pour son soutien désintéressé a la bataille contre le régime raciste
d’Afrique du Sud. Si Kadhafi avait été un homme égoïste, rien ne l’obligeait à
attirer sur lui les foudres des occidentaux pour soutenir financièrement et
militairement l’ANC dans sa bataille contre l’apartheid.
C’est pour cela qu’à peine libéré de ses 27 ans de prisons, Mandela décide d’aller
rompre l’embargo des Nations Unis contre la Libye le 23 Octobre 1997. A cause de cet
embargo même aérien, depuis 5 longues années aucun avion ne pouvait atterrir en
Libye. Pour y arriver, Il fallait prendre un avion pour la Tunisie ; arriver à
Djerba et continuer en voiture pendant 5 heures pour Ben Gardane, passer la
frontière et remonter en 3 heures de route par le désert jusqu’à Tripoli. Ou alors,
passer par Malte et faire la traversée de nuit, sur des bateaux mal entretenus
jusqu’à la côte libyenne.

Un calvaire pour tout un peuple, juste pour punir un seul homme. Mandela décida de
rompre cette injustice et répondant a l’ex Président Américain Bill Clinton, qui
avait jugé cette visite «malvenue», il s’insurgea : «Aucun État ne peut s'arroger le
rôle de gendarme du monde, et aucun État ne peut dicter aux autres ce qu'ils doivent
faire ». Il ajouta : « ceux-là qui hier étaient les amis de nos ennemis, ont
aujourd’hui le toupet de me proposer de ne pas visiter mon frère Kadhafi, ils nous
conseillent d’être ingrats et d’oublier nos amis d’hier ». En effet, pour
l’Occident, les racistes d’Afrique du Sud étaient leurs frères qu’il fallait
protéger. C’est pour cela que tous les membres de l’Anc étaient considérés des
dangereux terroristes, y compris Nelson Mandela. Il faudra attendre le 2 Juillet
2008, pour que le Congrès Américain vote une loi pour rayer le nom de Nelson
Mandela et de ses camarades de l’ANC de cette liste noire, pas parce qu’ils ont
compris la bêtise d’une telle liste, mais parce qu’on voulait faire un geste pour
les 90 ans de Nelson Mandela. Si les Occidentaux sont aujourd’hui repentis de leur
soutien d’hier aux ennemis de Mandela et sont vraiment sincères lorsqu’on lui donne
des noms de rue et de places, comment continuer à faire la guerre à celui qui a
permis la victoire de Mandela et son peuple, Kadhafi ?

B- Ceux qui veulent exporter la démocratie sont ils des démocrates?

Et si la Libye de Kadhafi était plus démocratique que les USA, la France, la Grande
Bretagne et tous ceux qui font la guerre pour exporter la démocratie en Libye ? Le
19 Mars 2003, le Président Georges Bush lance les bombes sur la tête des Iraquiens
avec le prétexte d’y exporter la démocratie. Le 19 Mars 2011, c’est-à-dire 8 ans
plus tard et jour pour jour, c’est le Président Français qui lance ses bombes sur la
tête des Libyens avec le même prétexte de leur offrir la démocratie. Monsieur Obama,
Prix Nobel de la Paix 2009 et président des États Unis d’Amérique, pour justifier
qu’il procède à un déferlement de missiles Cruise de ses sous-marins sur la tête des
Libyens a dit que c’était pour chasser le dictateur Kadhafi du pouvoir et y
instaurer la démocratie.

La question que tout être humain doté de la moindre capacité intellectuel de
jugement et d’appréciation ne peut s’empêcher de se poser est : ces pays comme la
France, l’Angleterre, les USA, l’Italie, la Norvège, le Danemark, la Pologne dont la
légitimité pour aller bombarder les Libyens se base sur le seul fait de s’être
autoproclamés « pays démocratiques » sont-ils réellement démocratiques ? Si oui,
sont-ils plus démocratiques que la Libye de Kadhafi ? La réponse, sans équivoque est
NON, pour la simple et bonne raison que la démocratie n’existe pas. Ce n’est pas
moi qui l’affirme, mais celui-là même dont la ville natale, Genève abrite
l’essentiel du commandement des Nations Unies. Il s’agit bien entendu de
Jean-Jacques Rousseau né à Genève en 1712 qui affirme dans le chapitre IV du Livre
III de son très célèbre « Contrat Social » que : « il n'a jamais existé de véritable
démocratie, et il n'en existera jamais». Pour qu’un état soit véritablement
démocratique Rousseau pose 4 conditions selon lesquelles la Libye de Kadhafi est
même de loin plus démocratique que les États-Unis d’Amérique, la France et tous les
autres qui prétendent lui exporter la démocratie à savoir :

1- Dimension de l’État : plus un état est grand, moins il peut être démocratique,
pour Rousseau l’État doit être très petit pour que le peuple soit facile à
rassembler et que chaque citoyen puisse aisément connaître tous les autres. Avant
donc de faire voter les gens, il faut s’assurer que chacun connaisse tous les autres
sans quoi voter pour voter est un acte dénué de tout fondement démocratique, c’est
un simulacre de démocratie pour élire un dictateur. La structure de l’organisation
de l’État Libyen se fonde sur une base tribale qui regroupe par définition le peuple
en de petites entités. Le sentiment démocratique est plus présent dans une tribu,
dans un village que dans une grande Nation, parce que le fait que tout le monde se
connaisse et que la vie tourne autour des mêmes points communs apporte une sorte
d’autorégulation, d’autocensure même pour peser à chaque instant, la réaction ou la
contre-réaction des autres membres pour ou contre les opinions qu’on peut avoir.
Sous cet angle, c’est la Lybie qui répond le mieux aux exigences de Rousseau, ce
qu’on ne peut pas dire de même pour les États-Unis d’Amérique, la France ou la
Grande Bretagne, des sociétés fortement urbanisées où la majorité des voisins ne se
disent même pas bonjour et donc ne se connaissent pas, même vivant cote-à-cote
pendant 20 ans.

Dans ces pays, on est passé directement à l’étape suivante : « le vote » qu’on a
malignement sanctifié afin de faire oublier que ce vote est inutile à partir du
moment où je m’exprime sur l’avenir d’une nation sans en connaitre ses membres. On
est ainsi arrivé jusqu’à la bêtise du vote des citoyens vivant à l’étranger. Se
connaitre et se parler est la condition essentielle de la communication pour le
débat démocratique qui précède toute élection.

2- Il faut la simplicité des mœurs et des comportements pour éviter que l’on passe
l’essentiel du temps à parler de justice, de tribunal pour trouver des solutions aux
multitudes querelles d’intérêts divers qu’une société trop complexe fait naitre
naturellement. Les Occidentaux se dé finissement comme des pays civilisés, donc aux
mœurs complexes et la Libye comme pays dit primitif, c’est-à-dire aux meurs simples.
Sous cet angle, encore une fois, c’est la Libye qui répondrait mieux aux critères
démocratiques de Rousseau que tous ceux qui prétendent lui donner des leçons de
démocratie. Dans une société complexe, les trop nombreux conflits sont résolus par
la loi du plus fort, puisque celui qui est riche évite la prison parce qu’il peut se
permettre un meilleur avocat et surtout, orienter l’appareil répressif de l’état
contre celui qui vole une banane dans un supermarché, plutôt que le délinquant
financier qui fait crouler une banque. Dans une ville comme New York où 75% de la
population est blanche, 80% des postes de cadres sont occupés par des Blancs et ils
ne sont que 20% des personnes en prison.

3- L’égalité dans les rangs et dans les fortunes. Il suffit de voir le classement
FORBES 2010 pour voir quels sont les noms des personnes les plus riches de chacun
des pays qui jette la bombe sur la tête des Libyens et voir la différence avec le
salaire le plus bas dans chacun des pays et faire de même pour la Libye pour
comprendre qu’en matière de redistribution de la richesse du pays, c’est à la Libye
d’exporter son savoir faire à ceux qui la combattent et non le contraire. Même sous
cet angle, selon Rousseau, la Libye serait plus démocratique que ceux qui veulent
pompeusement lui exporter la prétendue démocratie. Aux États-Unis 5% de la
population possèdent 60% de la richesse nationale. C’est le pays le plus
déséquilibré, le plus inégal du monde.

4- PAS DE LUXE. Pour Rousseau pour qu’il y ait la démocratie dans un pays, il ne
faut pas qu’il y ait de luxe parce que selon lui, le luxe rend nécessaire la
richesse et cette dernière devient la vertu, l’objectif à atteindre à tout prix et
non le bonheur du peuple, « le luxe corrompt à la fois le riche et le pauvre, l'un
par la possession, l'autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la
vanité ; il ôte à l'État tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et
tous à l'opinion ». Ya-t-il plus de luxe en France ou en Libye ? Ce rapport
d’asservissement des employés qui sont poussés jusqu’au suicide les employés mêmes
des entreprises publiques ou semi-publique, pour des raisons de rentabilité et donc
de possession de luxe d’une des parties est-il plus criant en Libye ou en Occident ?

Le sociologue Américain C. Wright Mills a décrit en 1956 la démocratie américaine
comme « la dictature des élites ». Selon Mills, les États-Unis d’Amérique ne sont
pas une démocratie parce qu’en définitive, c’est l’argent qui y parle dans les
élections et non le peuple. Le résultat de chaque élection y est l’expression de la
voix de l’argent et non la voix du peuple. Après Bush-père et Bush-fils, pour les
primaires républicaines de 2012, on parle déjà de Bush-benjamin. En plus, si le
pouvoir politique se base sur la bureaucratie, Max Weber fait remarquer qu’il y a 43
millions de fonctionnaires et militaires aux États-Unis qui commandent effectivement
le pays, mais qui n’ont été votés par personne et qui ne répondent pas directement
au peuple de leurs activités. Une seule personne (un riche) est donc votée mais le
vrai pouvoir sur le terrain est tenu par une seule caste de riches qui ne résulte
purement et simplement que de nominations comme les ambassadeurs, les généraux de
l’armée etc...

Combien de personnes dans les pays autoproclamés « démocratiques » savent qu’au
Pérou la constitution interdit un deuxième mandat consécutif au président de la
république sortant ? Combien de personnes savent qu’au Guatemala, non seulement le
président sortant ne doit plus jamais se présenter comme candidat à cette fonction,
mais qu’en plus à aucun degré de parenté, aucun membre de sa famille ne pourra plus
prétendre à cette fonction ? Combien savent que le Rwanda est le pays qui intègre
politiquement le mieux les femmes au monde avec 49% de parlementaires femmes ?
Combien savent que dans le classement de la CIA 2007, sur 10 pays les mieux gérés au
monde, 4 sont Africains ? Avec la palme d’or à la Guinée équatoriale dont la dette
publique ne représente que 1,14% de son PIB.

La guerre civile, les révoltes, les rebellions sont les ingrédients d’un début de
démocratie soutient Rousseau. Parce que la démocratie n’est pas une fin, mais un
processus permanent pour réaffirmer les droits naturels des humains que dans tous
les pays du monde (sans exception) une poignée d’hommes et de femmes, confisquant le
pouvoir du peuple, l’oriente pour se maintenir aux affaires. On trouve ici et là des
formes de castes qui usurpent le mot « démocratie » qui doit être cet idéal vers
lequel tendre et non un label à s’approprier ou un refrain à vanter parce qu’on est
juste capable de crier plus fort que les autres. Si un pays est calme comme la
France ou les États-Unis, c’est-à-dire sans aucune révolte, pour Rousseau cela veut
tout simplement dire que le système dictatorial est suffisamment répressif pour
empêcher toute tentative de rébellion. Si les Libyens se révoltent, ce n’est pas une
mauvaise chose. C’est prétendre que les peuples acceptent stoïquement le système qui
les opprime partout dans le monde sans réagir qui est très mauvais. Et Rousseau de
conclure : « Malo periculosam libertatem quam quietum servitium -traduction : S'il
y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si
parfait ne convient pas à des hommes ». Dire qu’on tue les Libyens pour leur bien
est un leurre.

C- Quelles leçons pour l'Afrique?

Après 500 ans de relations de dominateur et de dominé avec l’Occident, il est dès
lors prouvé que nous n’avons pas les mêmes critères pour définir le bon et le
méchant. Nous avons des intérêts profondément divergents. Comment ne pas déplorer le
Oui de 3 pays africains au sud du Sahara, Nigeria, Afrique du Sud et Gabon pour la
résolution 1973 inaugurant la nouvelle forme de colonisation baptisée « protection
des peuples », validant la théorie raciste que les Européens véhiculent depuis le
18ème siècle selon laquelle l’Afrique du Nord n’a rien à partager avec l’Afrique
Subsaharienne, l’Afrique du nord serait ainsi plus évoluée, plus cultivée et plus
civilisée que le reste de l’Afrique. Tout se passe comme si la Tunisie, l’Égypte, la
Libye, l’Algérie ne faisaient pas partie de l’Afrique. Même les Nations Unies
semblent ignorer la légitimité de l’Union Africaine sur ses états membres.
L’objectif est d’isoler les pays d’Afrique subsaharienne afin de mieux les
fragiliser et les tenir sous contrôle. En effet, dans le capital du nouveau Fond
Monétaire Africain (FMA), l’Algérie avec 16 milliards de dollars et la Libye avec 10
milliards de dollars contribuent à eux tous seuls pour près de 62% du capital qui
est de 42 milliards de Dollars. Le premier pays d’Afrique subsaharienne et les plus
peuplés, le Nigeria suivi de l’Afrique du Sud arrivent très loin derrière avec 3
milliards de dollars chacun.

C’est très inquiétant de constater que pour la première fois de l’histoire des
Nations Unies, on a déclaré la guerre à un peuple sans avoir exploré au préalable la
moindre piste pacifique pour solutionner le problème.

L’Afrique a-t-elle encore sa place dans une telle organisation ? Le Nigeria et
l’Afrique du Sud sont disposés à voter OUI à tout ce que l’Occident demande, parce
qu’ils croient naïvement aux promesses des uns et des autres de leur donner une
place de membre permanent au Conseil de Sécurité avec le même droit de veto. Ils
oublient tous les deux que la France n’a aucun pouvoir de leur attribuer le moindre
poste. Si elle l’avait, il y a belle lurette que Mitterrand l’aurait faite pour
l’Allemagne de Helmut Kohl. La reforme des Nations Unies n’est pas à l’ordre du
jour. La seule manière de compter, est la méthode chinoise : tous les 50 pays
africains doivent quitter les Nations Unies. Et s’ils doivent y retourner un jour,
ne le faire que s’ils ont obtenu ce qu’ils demandent depuis longtemps, un poste pour
toute la fédération africaine, sinon rien.

Cette méthode de la non-violence est la seule arme de justice dont disposent les
pauvres et les faibles que nous sommes. Nous devons tout simplement quitter les
Nations Unies, car cette organisation de par sa configuration, de par sa hiérarchie
est aux services des plus forts.

Nous devons quitter les Nations Unies afin de marquer notre réprobation de cette
conception du monde basée uniquement sur l’écrasement du plus faible. Tout au moins
ils seront libres de continuer de le faire, mais pas avec notre signature, pas en
rappelant que nous sommes d’accord alors qu’ils savent très bien qu’ils ne nous ont
jamais interrogés. Et même quand nous avons donné notre propre point de vue, comme
la rencontre de samedi 19/3 à Nouakchott avec la déclaration sur la contrariété à
l’action militaire, ceci a été passé tout simplement sous silence pour aller
accomplir le forfait de bombarder le peuple africain.

Ce qui arrive aujourd’hui est le scénario déjà vu auparavant avec la Chine.
Aujourd’hui, on reconnaît le gouvernement Ouattara, on reconnaît le gouvernement des
insurgés en Libye. C’est ce qui s’est passé à la fin de la deuxième guerre mondiale
avec la Chine. La soit disant communauté internationale avait choisi Taiwan comme
unique représentant du peuple Chinois en lieu de place de la Chine de Mao. Il faudra
attendre 26 ans, c’est-à-dire le 25 octobre 1971 avec la résolution 2758 que tous
les Africains devraient lire, pour mettre fin à la bêtise humaine. La Chine est
admise, sauf qu’elle a prétendu et obtenue d’être membre permanent avec doit de
veto, si non elle n’entre pas. Cette exigence satisfaite et la résolution
d’admission entrée en vigueur, il faudra attendre un an pour que le 29 septembre
1972, le Ministre Chinois des Affaires Étrangères donne sa réponse avec une lettre
au Secrétaire Général des Nations Unies pas pour dire Oui ou Merci, mais pour faire
des mises au point, en garantie de sa dignité et de sa respectabilité.
Qu’est-ce que l’Afrique espère obtenir des Nations Unies sans poser un acte fort
pour se faire respecter ? On a vu en Cote d’Ivoire un fonctionnaire des Nations
Unies se considérer au dessus d’une institution constitutionnelle de ce pays. Nous
sommes entrés dans cette organisation en acceptant d’être des serfs et croire que
nous serons invités à table pour manger avec les autres dans les plats que nous
avons lavés est tout simplement crédule, pire, stupide. Quand l’UA reconnaît la
victoire de Ouattara sans même tenir compte des conclusions contraires de ses
propres observateurs envoyés sur le terrain, juste pour faire plaisir à nos anciens
maîtres, comment peut-on nous respecter ? Lorsque le président Sud-Africain Zuma
déclare que Ouattara n’a pas gagné les élections et change à 180° après un tour à
Paris, on peut se demander ce que valent ces dirigeants qui représentent et parlent
au nom de 1 milliard d’Africains.

La force et la vraie liberté de l’Afrique viendront de sa capacité à poser des actes
réfléchis et en assumer les conséquences. La dignité et la respectabilité ont un
prix. Sommes-nous disposés à le payer ? Si non, notre place reste à la cuisine, aux
toilettes pour garantir le confort des autres.

Genève le 28/03/2011

(*) Jean-Paul Pougala est un écrivain d’origine camerounaise, directeur de
l’Institut d’Études Géostratégiques et professeur de sociologie à l’Université de la
Diplomatie de Genève en Suisse.
 

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