La présidente sortante du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, prix Nobel de la paix 2011, était en tête jeudi de l'élection présidentielle avec 44,5% des voix contre 26,5% à Winston Tubman, son principal adversaire, selon de premiers résultats officiels.
Sur les 195.771 bulletins dépouillés et validés par la Commission électorale nationale (NEC), Mme Sirleaf obtient 86.874 suffrages contre 51.771 à M. Tubman. Avec 26.394 voix (13,5%), l'ancien chef de guerre Prince Johnson arrive en troisième position.
D'autres résultats officieux portant sur 400.000 bulletins confirmaient cette tendance, qui semble indiquer qu'un second tour, prévu le 8 novembre, opposera la présidente sortante à Winston Tubman.
Quelques heures avant la publication de ces résultats, le Congrès pour le changement démocratique (CDC) de M. Tubman a annoncé s'être plaint auprès des observateurs internationaux, de l'ONU et de la Commission électorale nationale (NEC) "de l'inclusion secrète de 800.000 bulletins supplémentaires" dans "ceux mis en circulation et distribués" pour le vote.
Le CDC a qualifié cette pratique de "scandaleuse", se demandant "où se trouvent" ces bulletins et reprochant à la commission électorale de ne pas donner d'informations à ce sujet.
Le centre Carter, qui a des observateurs sur place, a "exhorté tous les partis politiques et candidats à ne pas faire de déclarations concernant les résultats jusqu'à ce que le processus (de décompte des voix) soit terminé et les résultats officiels publiés par la NEC".
Les résultats définitifs et officiels de la présidentielle, qui s'est tenue mardi en même temps que des législatives et des sénatoriales, doivent être proclamés le 26 octobre.
Quatre jours avant le scrutin, Ellen Johnson Sirleaf, 72 ans, avait reçu le prix Nobel de la paix, récompense vivement critiquée par Winston Tubman qui l'avait qualifiée "d'inacceptable" et "non méritée", jugeant "provocateur" qu'elle lui ait été donnée juste avant les élections.
L'opposition reproche à Mme Sirleaf, devenue en 2005 la première présidente élue d'Afrique, d'avoir soutenu financièrement l'ex-chef de guerre Charles Taylor au moment de son ascension, au début des années 1990, et de pas avoir suffisamment oeuvré en faveur de la réconciliation nationale.
Les Libériens ont participé en masse et sans violences aux élections de mardi, signe de leur détermination à consolider la paix dans leur pays ensanglanté pendant 14 ans par des guerres civiles qui se sont achevées en 2003 et ont fait quelque 250.000 morts et détruit son économie.
Les nombreux observateurs internationaux présents se sont félicités de cette mobilisation et du caractère pacifique des élections.
James Fromayan, président de la NEC qui a organisé les scrutins - ceux de 2005 l'avaient été par l'ONU -, a affirmé qu'avec ces élections, ses concitoyens avaient choisi "l'urne contre le fusil".
Toutefois, la vigilance des 8.000 hommes de la Mission des Nations unies au Liberia (Minul) ne faiblit pas. "Nous travaillons encore sur la sécurité avec la police nationale du Liberia, pour faire en sorte que le reste du processus se passe calmement", a déclaré Yasmina Bouziane, porte-parole de l'ONU.
L'ONU s'était en particulier inquiétée de l'attitude de mercenaires libériens et ivoiriens ayant combattu en Côte d'Ivoire lors du conflit qui a suivi le second tour de la présidentielle de novembre 2010 dans ce pays voisin, et qui sont rentrés au Liberia avec des armes. – AfricaLog avec AFP