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Dispersion sanglante d'une manifestation au Liberia

Nov 07, 2011

Au moins deux personnes ont été tuées lundi à Monrovia - 3 ou 4 selon l'opposition - lors de la dispersion d'opposants à la présidente Ellen Johnson Sirleaf, venus soutenir son rival Winston Tubman à la veille du second tour de la présidentielle qu'il a appelé à boycotter.

Les corps de deux hommes d'une vingtaine d'années ont été vus par un journaliste de l'AFP au siège du parti de M. Tubman, le Congrès pour le changement démocratique (CDC), devant lequel ils ont été tués d'une balle dans la tête par des policiers anti-émeutes.

Un journaliste libérien a affirmé de son côté avoir vu deux autres corps de manifestants dans un commissariat de police proche du siège du CDC.

«Il y a eu trois ou quatre morts et beaucoup de blessés. Ils (les policiers) ont tiré sur des gens qui n'avaient pas d'armes et voulaient la paix», a déclaré George Weah, ex-star de football devenu numéro 2 du CDC.

La porte-parole de la Mission de l'ONU au Liberia (Minul), Yasmina Bouziane, a confirmé un mort et plusieurs blessés, sans en préciser le nombre. Un journaliste de l'AFP a été témoin du matraquage d'une femme, blessée à la tête par un policier.

La Minul «a contacté les autorités pour prévenir toute escalade» et exhorté chacun «à exercer la plus grande retenue et prendre toutes les mesures nécessaires» pour maintenir la paix dans le pays, a ajouté Mme Bouziane.

Un policier avait auparavant affirmé qu'un coup de feu avait été tiré par un membre du CDC et que la police anti-émeutes avait riposté.

La dispersion des milliers de manifestants avait débuté par des tirs de gaz lacrymogènes à la suite de jets de pierre.

Des grenades de gaz lacrymogène ont été tirés sur le véhicule dans lequel se trouvaient MM. Tubman et Weah.

Des accrochages ont été à un moment observés par un photographe de l'AFP entre les policiers et les membres de la Minul, qui ont tenté de les empêcher de trop s'approcher du siège du CDC au moment où la tension était la plus vive.

Le gouvernement a déclaré lundi soir dans un communiqué «regretter» ces violences, promettant «que tous ceux qui sont coupables devront répondre de leurs actes». Il a appelé «tous les Libériens à aller voter» mardi.

Les manifestants, dont certains étaient surexcités, avaient prévu un défilé dans les rues de la capitale avec à leur tête MM. Tubman et Weah qui a affirmé: «la marche va continuer, car nous ne sommes pas plus importants que ceux qui ont été tués».

«Plus de guerre, nous voulons la paix»

En dépit de la volonté affichée par les dirigeants du CDC de ne pas provoquer de violences, cette marche avait été considérée comme présentant d'importants risques de dérapages dans un pays se relevant doucement de guerres civiles qui, de 1989 à 2003, ont fait quelque 250 000 morts.

Des policiers anti-émeutes et des véhicules de la Minul avaient été déployés près du siège du CDC, où militants et sympathisants étaient arrivés progressivement par vagues de plusieurs quartiers de Monrovia. Deux hélicoptères de l'ONU survolaient la ville.

Les partisans de Winston Tubman, très remontés contre la présidente sortante, prix Nobel de la paix 2011, qu'ils accusent d'avoir collaboré avec des chefs de guerre pendant le conflit, scandaient «Plus de guerre, nous voulons la paix» et «On ne va pas voter».

Winston Tubman, qui craint des fraudes similaires à celles qu'il avait dénoncées après le premier tour du 11 octobre, a décidé de ne pas participer au second tour et a appelé ses partisans à le boycotter.

Mme Sirleaf était arrivée en tête avec 43,9% des voix contre 32,7% à M. Tubman qui a accusé la présidente d'avoir utilisé en masse «les ressources de l'Etat» pour acheter le ralliement au second tour d'autres opposants.

Le 1er tour de la présidentielle, couplé à des législatives et sénatoriales où le Parti de l'unité (UP) de Mme Sirleaf était également arrivé en tête, a été marqué par une forte participation (71%) et s'était déroulé dans le calme.

Ces élections avaient été saluées par l'ensemble des quelque 4900 observateurs, nationaux et internationaux, comme «libres et transparents». – AfricaLog avec AFP
 

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