Kiridi Bangoura, porte-parole d’Alpha Condé parle

«Pour que les élections soient inclusives, il faut que le débat qui participe à leur préparation le soit aussi », a déclaré le porte-parole d’Alpha Condé, ce 20 janvier à Conakry a constaté AfricaLog.com.

Pour la première fois depuis sa nomination, le porte-parole du Président de la République, Naby Youssouf Kiridi Bangoura, également Chef de cabinet civil à la présidence, a tenu une conférence de presse à Sékhoutouréyah, ce 20 janvier 2012, a constaté AfricaLog.com à Conakry.

La communication à la présidence n’a pas répondu aux attentes du Président Alpha Condé qui a nommé, le 8 décembre 2011, un porte-parole en la personne de Kiridi Bangoura. Au cours de sa conférence de presse, Kiridi Bangoura a déclaré tout de même qu’à cause des charges liées à sa fonction, il ne rencontrera qu’une fois par mois la presse. Il s’agira de faire le point des activités du Chef de l’Etat. Il donnera des réponses «sincères, responsables et crédibles», mais il veut que les journalistes soient accrédités officiellement auprès de la Présidence.

Dorénavant il est ouvert à la presse mais, il fait une annonce bizarre. M. Bangoura demande que les questions des journalistes lui parviennent 72 heures avant chaque conférence. «Parce que nous sommes sur des matières qui engagent la responsabilité de la République de Guinée», argumente-t-il.

Poursuivant sa conférence de presse, M. Bangoura a parlé de plusieurs autres sujets.

Du dialogue politique inclusif

Le porte-parole d’Alpha Condé a saisi l’occasion pour donner son avis sur le dialogue politique boycotté par le Collectif et l’ADP. Selon lui, le Président Alpha Condé suit son évolution, malgré l’absence de ces deux blocs politiques qui l’avaient réclamé plus tôt. «Le président avait dit à juste titre que son rôle constitutionnel ne lui permettait pas de participer directement au dialogue. Il devait rester au-dessus de la mêlée», a rappelé Kiridi Bangoura. Mais, la léthargie actuelle du dialogue serait une phase de négociation plus «informelle», «souterraine», pour aller vers des accords. Il affirme que le Chef de l’Etat guinéen n’a d’enjeu que l’organisation des élections transparentes et inclusives.

«Pour que les élections soient inclusives, il faut que le débat qui participe à leur préparation le soit aussi. Voilà pourquoi nous encourageons les uns et les autres à se parler et à se mettre d’accord sur le minimum», explique le porte-parole. Pour lui, le dialogue devrait mettre l’accent surtout sur l’article 162 du Code électoral qui donne des pouvoirs «exorbitants et démesurés» au président de la CENI. «Je crois qu’il est important que tout le monde, par consensus, propose le retrait pure et simple de cet article du Code électoral», renchérit M. Bangoura.

Touchant à la question du fichier électoral, il rappelle que le président Alpha Condé a reçu, collectivement et individuellement, tous les leaders politiques. «Il les a écoutés, je crois qu’il a donné quelques signaux qui rassurent les uns et les autres. L’établissement de la liste électorale se fera après un dialogue avec les partis politiques».

Pour lui, la Guinée est aujourd’hui unijambiste parce que «nous sommes debout sur l’institution présidentielle. Tout le monde a hâte que l’institution parlementaire soit installée».

Si le Collectif et l’ADP campaient sur leur position, est-ce que le président irait aux élections sans eux ?

Kiridi Bangoura reste prudent : «La classe politique a proposé un groupe de facilitation. Les facilitateurs sont en train de faire leur travail. Le président attendra leur compte rendu avant de prendre une décision qu’elle que soit. Au terme de l’exercice du dialogue et de facilitation, une décision sera prise».

De la Crise au sein de la CNTG

S’agissant de la crise au sein de la CNTG (Confédération nationale des travailleurs de Guinée), le porte-parole déclare qu’Alpha Condé préfère ne pas s’ingérer dans une affaire qui se trouve à la justice.

Les nombreux voyages du Président?

Kiridi Bangoura a estimé: «Si je me mets à vous énumérer les impacts et les effets des déplacements du Président de la République sur l’économie, la société et les institutions de notre pays, je crois que cela méritait une conférence de presse particulière». Pour l’instant, il affirme qu’Alpha Condé rencontre les investisseurs à l’étranger avant que ceux-ci ne viennent en Guinée. La Guinée qui aurait été victime d’exclusion sur le plan international mériterait de renouer avec le monde, commente le parole-parole du Président guinéen.

Des évènements du 28 septembre 2009

Sur le dossier des présumés auteurs des massacres et viols commis le 28 septembre 2009, au stade du même nom à Conakry, Kiridi Bangoura explique que le Chef de l’Etat respecte l’indépendance de la justice guinéenne. Il hésite en disant que le souhait d’Alpha Condé serait que «la justice guinéenne rénovée, soit capable elle-même de gérer toutes les questions judiciaires qui se posent à la Guinée. C’est une position de responsabilité souveraine, une position de panafricain qu’il est». Pas question de la CPI, laisse-t-il entendre.

Le sort réservé aux présumés auteurs de l’attentat contre Alpha Condé le 19 juillet 2011?

«Dans ce dossier, le Président obéit à ses principes. La justice est indépendante, elle a ses rythmes, ses procédures. Le pouvoir exécutif n’intervient pas et n’interviendra pas dans l’évolution de ce dossier», a conclu le porte-parole d’Alpha Condé.

De la relation d’Alpha Condé avec les médias. Le Président Alpha Condé éviterait-il la presse guinéenne?

Non ! répond Kiridi Bangoura qui a ajouté qu’Alpha Condé est en train de sécher les larmes de la presse étrangère. «Les bons pères de familles ont tendance à aller sécher les larmes des enfants éloignés de la maison, avant de s’intéresser à leurs propres enfants», a-t-il philosophé. Il y a que les Guinéens ont constaté qu’en 2011, leur Président a plus voyagé avec des journalistes de médias étrangers qu’avec les journalistes guinéens. Constat amer !

AfricaLog.com

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