L'auteur du dernier putsch affronte le suffrage populaire en Mauritanie | Alog News | www.africalog.com
home

L'auteur du dernier putsch affronte le suffrage populaire en Mauritanie

Jul 18, 2009

Election présidentielle ce samedi en Mauritanie: Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat, tente d'acquérir une légitimité dans les urnes après avoir démissionné de l'armée pour se présenter comme civil.

Il était à la tête de la junte qui a renversé en août 2008 Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le premier président élu démocratiquement du pays.

Huit autres candidats participent au scrutin qui s'est ouvert samedi matin pour s'achever 12 heures plus tard. Les résultats ne sont pas attendus avant lundi et des centaines d'observateurs internationaux sont sur place. Si aucun candidat ne remporte 50% des suffrages au premier tour, un second tour sera organisé le 1er août.

Quatre des neuf candidats sont considérés comme sérieux.

Il y a d'abord l'ex-général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui est derrière les deux derniers putschs en Mauritanie, celui de 2005 qui avait mis fin à deux décennies de dictature, puis celui de l'été 2008, où il chassa du pouvoir le premier président élu démocratiquement du pays.

Autres candidats de premier plan, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, homme fort du putsch de 2005 et artisan de la transition démocratique qui permit l'élection d'un civil en 2007, et Ahmed Ould Daddah, vétéran de l'opposition populaire et charismatique, candidat au second tour en 2007.

Enfin, le président du Parlement, Messaoud Ould Boulkheir, dont les parents étaient esclaves, est le premier "haratin" à se porter candidat à la magistrature suprême. Soutenu par Abdallahi, il a, lui aussi, ses chances.

Les maures arabo-berbères (dits "maures blancs") représentent 30% de la population et détiennent les commandes du gouvernement, de l'armée et des affaires en Mauritanie. Les "maures noirs" (ou "haratin"), plus noirs de peau et se considérant arabes, sont la caste des descendants d'esclaves africains (40% de la population). Le reste des Mauritaniens sont de diverses ethnies ouest-africaines présentes également au Sénégal voisin (peul, wolof, soninké...)

Boulkheir et Daddah se sont engagés à se désister l'un en faveur de l'autre en cas de second tour. Unis, ces deux candidats d'opposition qui s'engagent à tourner définitivement la page de l'ère des coups d'Etat, constitueraient un défi de poids pour l'ex-général putschiste.

Abdel Aziz a lui tiré parti de la machine étatique ces derniers mois pour se construire un profil de "président des pauvres", en réduisant le prix des produits de première nécessité et en lançant des grands travaux publics pour séduire une population sceptique.

Le putsch d'août 2008, le cinquième depuis l'indépendance en 1960, a été unanimement condamné à l'étranger et a suscité un mécontentement politique sans précédent dans le pays.

En juin, ce mouvement d'opposition, soutenu par Abdallahi, a forcé Abdel Aziz à remplacer la junte par un gouvernement d'union nationale, lequel a mis en oeuvre un scrutin incluant des candidats de l'opposition, contrairement au souhait d'Abdel Aziz. AP

Liens Sponsorisés