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L’opposition guinéenne satisfaite de sa marche: Les réactions

Sep 21, 2012
L’opposition guinéenne satisfaite de sa marche: Les réactions

Le 20 septembre, les principaux dirigeants politiques de l’opposition guinéenne réunie au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition et de l’ADP (Alliance pour la démocratie et le progrès) ont manifesté sur l’autoroute Fidel Castro. Leur cortège a fait son départ au domicile de Lansana Kouyaté, le président du PEDN (Parti de l’Espoir pour le Développement National) et a rallié l’Esplanade du stade du 28 septembre de Conakry, sur environ 13 kilomètres.

Bravant la pluie et la distance, ainsi que quelques écueils sur leur chemin. Les incidents ont fait moins de dégâts matériels que durant les deux dernières manifestations précédentes de l’opposition du 27 août et du 10 mai derniers. Dès les premières heures de la matinée, des policiers et des gendarmes à bord de pick-up et de camions ont encadré le groupe de manifestants. Un déploiement énorme a été effectué à «la Casse», sur les hauteurs de Madina, le grand marché de Conakry. Au niveau du pont Kénien dans le secteur appelé Kankan-koura jusqu’au niveau du centre commercial Koumi, sur l’autoroute Fidel Castro, quelques vendeurs ont voulu ouvrir leurs magasins, boutiquiers ou autres mais des gens en civil leur ont demandé de fermer. Ils se sont exécutés, mais très remontés. Aux environs de midi, sur les hauteurs du pont Kénien, un homme en costume noir suivi d’un autre a fait le tour des groupes de ces vendeurs pour leur dire: «Il est demandé à tous de ne pas jeter de pierres ni quoi que ce soit sur le cortège de l’opposition, lorsqu’il passera par là pour se rendre à Dixinn. La marche est autorisée par notre Chef, Professeur Alpha Condé. Si vous l’aimez, respectez sa consigne. Nous vous observons tous. Sachez que quiconque faillit à sa consigne, sera arrêté, jugé et condamné…»

La consigne aura été respectée jusqu’à 14h, l’heure à laquelle des contre-manifestants de la Casse se sont emparés de blocs de pierre et de bâtons qu’ils ont jetés sur les premiers des marcheurs du cortège de l’opposition. Les agents de sécurité sont intervenus pour les disperser à coup de bombes à gaz lacrymogène. Mais des ripostes s’engagent entre militants de l’opposition et des partisans du pouvoir. Des vitres de véhicules volent en éclats, des blessés et la débandade, s’en suivent. Les forces de l’ordre réussissent à calmer les ardeurs avec beaucoup de gaz lacrymogène, puis elles demandent aux manifestants de l’opposition de rallier le stade. Et la marche a repris. Une heure après, regain de jets de pierre, à la Casse, à Kankan-Koura. Alors que le cortège des opposants était à quelques mètres de là, au quartier Dabondy. Les contre-manifestants ont ressurgi avec des pierres, des bois arrachés des tables de vendeurs pour s’attaquer aux marcheurs, encadré par une impressionnante force de sécurité. C’est la débandade, du côté des manifestants de l’opposition. Une fois encore, les policiers et les gendarmes pourchassent les agresseurs, tirent de bombe à gaz lacrymogène et les militants de l’opposition de poursuivre leur marche. Quelques interpellations. Mais les marcheurs ont essuyé des jets de pierre jusqu’aux environs du Centre commercial Koumi.
S’ils saluent le comportement des agents de force de l’ordre, ils sont insatisfaits: «Nous avons été sécurisé depuis Matoto jusqu’ici et on n’a rien cassé, on ne nous a pas provoqué aussi. Mais ici, à la Casse, vous avez été témoin, on a jeté des pierres sur nous. Les policiers et les gendarmes sont intervenus, mais ils n’ont pas arrêté quelqu’un. S’ils le faisaient, ça allait effrayer ceux qui sont contre nous», regrette un jeune militant de l’opposition.

Peu après cet incident, Lansana Kouyaté du PEDN, Sidya Touré de l’UFR, Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Etienne Soropogui des NFD, l'opposant Faya Millimono, à bord des 4x4 décapotables, apparaissent avec des centaines militants et sympathisants qui chantent des slogans pas du tout favorables au Président guinéen, Alpha Condé et la société sud africaine recrutée pour la révision du fichier électoral par le Gouvernement. Sur les pancartes de ces manifestants, on pouvait lire: «Nous voulons d’une élection pas une sélection ! Prêts pour les élections mais sans Waymark ! Sabary et Waymark, dehors ! Oui au vote des Guinéens de l’étranger !»

À l’esplanade, les leaders se sont adressés à leurs militants. La sonorisation n’a pas été de qualité. Bien des militants ont du tendre l’oreille pour les entendre.

Cellou Dalein Diallo de l’UFDG: «Nous vous remercions et vous demandons de rentrer doucement. Il n’y a pas eu de blessés jusqu’à présent. Nous avons fait une marche pacifique. Après avoir écouté quelques leaders, nous allons nous disperser dans la discipline et dans le réconfort d’avoir réussi à organiser cette grandiose manifestation.»

Lansana Kouyaté du PEDN: «Est-ce que vous voulez que je parle ? Mais, qui peut mieux parler que vous aujourd’hui ? Tout ce que nous dirons aujourd’hui n’est rien à côté de ce que vous venez de dire, en marchant, en bravant la pluie, en démontrant que vous êtes un peuple uni, debout et prêt à se battre pour la reconquête de sa démocratie phagocytée (…) Si nous prenons l’ensemble des Conakrykas, l’ensemble de la Guinée, nous dirons que c’est la marche de dix millions de Guinéens sur douze milles. Merci infiniment que Dieu vous bénisse!»

Sidya Touré de l’UFR: «Il faut que les gens prennent en compte la mobilisation que nous avons montrée aujourd’hui, grâce à vous. Parce que vous vous êtes mobilisés et comme le dit tantôt le président du PEDN, des centaines de milliers de Guinéens ont manifesté dans la paix, la tranquillité, comme quoi quand on ne nous provoque pas, il n’y a pas de problème. Nous sommes des personnes civilisées, des républicains (…) On doit nous mettre d’accord sur un fichier consensuel et permettre à l’Assemblée nationale de contrôler l’action de ce gouvernement. C’est cette assemblée qui permettra de contrôler les disparitions des 25 millions de dollars, de 150 millions de dollars, de 700 millions de dollars, je ne sais de combien encore. Cette assemblée, si elle est correctement élue, elle pourra interroger les ministres. Nous devons savoir qu’il y a deux ans de cela depuis l’élection présidentielle, mais nous n’avons toujours pas d’Assemblée. Cette transition ne peut pas continuer, parce qu’il y va de l’intérêt de notre pays d’en sortir et aborder les questions de fonds qui concernent la vie de nos citoyens.»

Aboubacar Sylla de l’UFC: «Lorsque nous voyons tout ce monde, nous vous disons merci. Merci de faire confiance aux leaders de l’ADP et du Collectif. Et merci pour cette mobilisation pour la démocratie. Aujourd’hui, c’est toute la Guinée qui est réunie là pour dire à son gouvernement : nous ne voulons pas de Waymark. Waymark, Sabary technology, de fraude électorale, de mensonge, de misère, mais nous voulons la démocratie pour bien gérer ce pays, créer de l’emploi, assurer la sécurité… Les leaders du Collectif et de l’ADP vous font confiance, faîtes leur confiance, ils ne trahiront jamais vos aspirations.»

Faya Millimono, un opposant: «La liberté est bien guinéenne. Le pays appartient à la République et les élections seront libres, transparentes et crédibles. Waymark retournera en Afrique du Sud et Sabary sera mis dehors. Et les Guinéens de l’extérieur voteront. Si les Guinéens de l’extérieur ne votent pas, que le professeur Alpha Condé sache qu’il n’y aura pas d’élections en Guinée. Nous vous remercions d’être venu. Alpha a réussi à éduquer les Guinéens contre l’arbitraire, la dictature. Mais quelle dictature? La dictature de Sékoutouréyah (…)».

Ainsi ont-ils parlé, avant de regagner leurs domiciles respectifs. Durant le passage du cortège jusqu’à l’esplanade du stade du 28 septembre, à Dixinn, les incidents de cette marche auront été moins graves et moins nombreux comparativement aux précédentes manifestations de l’opposition à Conakry. Les leaders de l’opposition politique guinéenne ont réaffirmé leur volonté d’aller aux législatives. Toutefois cette volonté est conditionnée au départ des sociétés Waymark et Sabary technology, recrutées par le pouvoir d’Alpha Condé pour la révision du fichier électoral établi par la SAGEM, ayant permis l’élection du président Alpha Condé en fin 2010. Une demande qui fait suite à la volonté du 5 septembre de Loucény Camara de quitter la CENI, l’organe chargé des élections en Guinée. Ce que l’opposition réclamait aussi.

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