Depuis l’annonce de l’audience que le Président de la République devait accorder à l’opposition extraparlementaire, la machine de la rumeur s’est aussitôt mise en branle. En effet, elle consistait à faire douter de la moralité des "invités présidentiels" en essayant de "semer une certaine zizanie" entre eux.
Il a ainsi été distillé la fameuse rumeur de l’enveloppe des cinq cent millions (500 000 000) GNF que la délégation de la Coalition de l’Opposition Extraparlementaire (COEP) aurait reçue du Président Alpha Condé. On prêtera même à un des membres de la délégation, en l’occurrence, Mohamed Lamine Kaba du Fidel d’avoir eu un aparté avec le locataire de "Sèkhutureya", alors qu’il était coopté comme Président du Mouvement qui œuvre pour le non renouvellement du mandat d’Alpha Condé à la tête du pays.
En dépit des démentis, un climat de fort soupçon a continué à planer sur la COEP qui aussitôt commence à claudiquer. Ainsi, au lieu de se concentrer sur la mission originelle de sa création, la nouvelle mouvance va connaitre ses premiers couacs. On n’oublie que cette mission consiste en la reconnaissance des leaders de la COEP sur le même pied d’égalité que leurs pairs de l’opposition républicaine: «Le fonctionnement de l’opposition est toujours le même. L’UFR et l’UFDG continuent à gérer les choses comme bon leur semble au sein de cette opposition. Suite à la relance de nos activités, nous leur avons proposé une charte de collaboration. Il y a plus de deux mois que la question de clarifier les relations au sein de l’opposition est au centre des débats», d’après Patrice Camara, Secrétaire Général de l’UNR de Boubacar Barry, membre de la COEP.
Viendra se greffer l’épisode du mémorandum qui devait être déposé au Président de la République. Là aussi, point d’entente entre les différents membres. Question de termes à utiliser. Le Coordinateur "provisoire" de la COEP estimant que l’on ne devrait pas s’adresser au Chef de l’Etat comme un "monsieur tout le monde". Boubacar Barry alias Big-Up, Président de l’UNR, en pince-sans-rire, estime: «Nous écrivons le même français ou nous ne comprenons pas le français de la même manière».
Finalement, faute d’entente, Dr Faya Millimouno du BL décide de se retirer de la COEP pour «des différences très profondes de convictions, qui sous-tendent les positions des membres de la COEP».
Dans une correspondance adressée au Coordinateur provisoire de la COEP, il dégage les raisons de sa démission qui découle de «trois constats importants ont été faits récemment par le Bloc Libéral» même si certains observateurs de la scène politique guinéenne qualifie Faya Millimouno de «transfuge récidiviste qui est parti de PRP d’Abdoulaye Portos Diallo à la NGR d’Ibrahima Abe Sylla et flirté avec le Collectif avant de se retrouver avec la COEP qu’il vient de quitter».
AfricaLog publie la lettre de démission du leader du BL:
«Monsieur le Coordinateur Provisoire,
Il y a quelques mois, le Bloc Libéral s’est engagé avec d’autres partis, à construire une alternative crédible à proposer au peuple de Guinée dans sa marche vers la construction de la démocratie et de l'Etat de droit et vers le développement socioéconomique et culturel de notre nation. Pour y arriver, nous avons cru devoir nous unir en mettant en place, conformément aux dispositions de la Charte des partis politiques de notre pays, la Coordination de l’Opposition Extraparlementaire, en abrégé COEP.
Comme on le dit dans le langage courant, les personnes qui réussissent un projet d’union ne sont pas celles qui se regardent, mais celles qui ont une vision commune en regardant dans la même direction. Et en politique, regarder dans la même direction suppose qu’on a des convictions qui se recoupent tout au moins.
Cependant, comme chacun de nous l’a constaté ces derniers temps, au sein de la COEP, il y a des différences très profondes de convictions, qui sous-tendent les positions des membres de la COEP.
Au regard de ce qui précède, trois constats importants ont été faits récemment par le Bloc Libéral :
1) - une majorité des membres de la COEP s’est détournée de la noble mission de construire une alternative crédible à proposer au peuple de Guinée ;
2) - le caractère d’opposant au régime en place a disparu dans les prises de positions de la plus part des membres de la COEP au profit des intérêts personnels, au point que nombreux sont aujourd'hui nos compatriotes qui se posent la question de savoir si la COEP est une coalition de l'opposition ou un mouvement de la mouvance ;
3) - les violations répétées de la Charte et du Règlement Intérieur de la COEP comme par exemple l'adoption du mémo à l'adresse du Président de la République par simples consultations téléphoniques, de surcroit sélectives, en lieu et place d'une plénière.
En raison de ces constats et conformément à la décision de son bureau exécutif, en date du 5 septembre 2014, le Bloc Libéral présente sa démission de la Coordination de l’Opposition Extraparlementaire à compter de ce samedi 6 septembre, 2014.
Veuillez recevoir, Monsieur le Coordinateur Provisoire de la COEP, l’expression de nos sentiments distingués».
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