Ménage à la Présidence de la République: Après Sidya Diabaté et Baïdy Aribot, à qui le tour?
Samedi, 3 juillet 2010. Il est 21 h lorsque les premières clameurs partent en direction du Président de la transition. On assiste d’abord à des applaudissements lorsque, subitement, des cris de protestations fusent : « Sékouba voleur, rends-nous les voix de Sidya Touré, tu n’es qu’un voleur, c’est Sidya et non Alpha Condé …» En raison de la pudeur, on vous épargne le reste des propos durs à l’endroit du Président de la transition.
Le trajet des "protestataires" était si bien choisi, que les premiers doutes ont commencé dans l’entourage présidentiel. Car c’était le parcours allant de la résidence du Général Sékouba Konaté à Kaloum au restaurant "Le Rocher" près de l’hôpital "Ignace Deen". Malgré la pluie, les gens étaient massés le long du chemin. Des haies hostiles à l’homme du 6 janvier se sont formées à la six-quatre-deux. Comme si l’information était distillée des minutes, voire des heures auparavant.
Ce que les gens, sur qui pesaient le soupçon de cet incident ne savaient pas, c’est que les services secrets – contre espionnage – étaient entrés en action bien avant ce jour. Mais, ceux-ci n’ont pas pu anticiper sur la marche des femmes de l’UFR du lundi, 5 juillet.
Dès qu’il a été mis au parfum des tenants et aboutissants de cette marche, le général Sékouba admoneste trois personnes, non des moindres, du cercle de ses intimes: Mounir Cissé, le directeur du protocole d’Etat ; Fodéba Isto Kéira, le ministre des arts et de la culture et Baïdy Aribot. Pas de doute, pour Sékouba, ce sont les "judas" évoluant à ses côtés.
Dans le grand salon de la résidence du Chef de l’Etat, on fait écouter un enregistrement. Aucune incertitude, les voix sont identifiées. Les conversations avaient eu lieu quelques heures plus tôt avec à l’autre bout du fil, le leader de l’UFR, Sidya Touré, candidat malheureux à l’élection présidentielle.
Au détail près, on lui raconte les dernières activités du Président de la transition en relation avec l’organisation du scrutin.
Ce n’est donc pas pour rien si, à la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle par la CENI, Sidya n’hésitera pas à porter un doigt accusateur sur cette structure chargée de l’organisation des élections et le général Sékouba Konaté qu’il citera d’ailleurs nommément.
Suivra un déferlement des "porteuses de chemises, de foulards et de pagnes rouges" toutes proches ou sympathisantes de l’UFR de Sidya Touré. Elles profèrent des insanités à l’endroit du premier magistrat de la nation. On connaît la suite. Il a fallu moult médiations et pressions – internes et externes - pour que le général revienne sur ses sentiments de démission.
Sékouba ne se maîtrise malgré tout dans la gestion de ses relations avec les mis en cause dans son entourage et n’arrive pas à digérer les offenses subies. Il pique une colère des plus noires. Des coups de pied sont donnés (…) suivis des premières sanctions verbales. Le ménage systématique avec interdiction de fréquenter les lieux. Les interventions de proches parmi les proches calment le jeu, 48 heures après.
Mais on constate:
- la méfiance du général envers Sidya Touré qu’il évite désormais comme la peste. La preuve sera donnée lors de la cérémonie de lancement des travaux du séminaire gouvernemental à l’hôtel Riviera Royal, le lundi 12 juillet 2010. Un lancement initialement prévu à 9h 30, le sera finalement à 12h 00. La raison était toute simple. Le Président de la République qui était attendu a été informé par "ses" services de la présence de Sidya dans la salle. Le général préfèrera bouder la rencontre pour qu’il lui soit épargné le supplice d’avoir à serrer la main de Sidya Touré, l’homme par qui les injures à lui adressées et à ses parents ont eu lieu.
- la suspension de Mounir Cissé de toutes activités à la Présidence même s’il a été autorisé à entrer dans la cour, il n’y a pas longtemps;
- la mise à l’écart de Sidya Diabaté le directeur des renseignements généraux avant son limogeage par décret présidentiel la semaine dernière;
- Fodéba Isto Kéira se rendra à Abidjan en Côte d’Ivoire pour y ruminer les humiliations reçues. Il aurait même été amené à rédiger sa lettre de démission avant qu’il ne soit ramené à de meilleurs sentiments par des amis ;
- le doute à l’égard de Baïdy Aribot s’amplifie et il n’a plus le même accueil à la Présidence et auprès du locataire des lieux avec lequel il tissait une amitié née de l’enfance – ils sont tous de 1964.
Baïdy est malheureusement si proche de Sidya aussi, qu’il a connu la prison à cause de lui sous feu le Président Lansana Conté quand le leader de l’UFR a été accusé de complot visant à renverser son régime.
Directeur général de la CNSS et président du club AS Kaloum de première division du championnat national de football, Baïdy ne sera finalement pas du voyage de Johannesburg pour les phases finales du mondial de football.
Il y a 92 heures, il a été limogé de son poste de DG de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale par un acte de son ami de Président de la République par intérim.
L’opinion n’hésite pas à faire un rapprochement entre sa trop grande proximité de Sidya, donc de sa probable implication dans le déclenchement de la marche des femmes de l’UFR et son malheur d’aujourd’hui. – AfricaLog