Un pré-rapport de l'ONU accuserait l'armée rwandaise et ses alliés congolais aujourd'hui au pouvoir d'avoir commis des massacres visant des réfugiés hutus en République démocratique du Congo (RDC) dans les années 1990 qui pourraient être qualifiés d'actes de génocide.
Dans son édition datée de vendredi, le quotidien français "Le Monde", qui dit s'être procuré une "version quasi définitive" du texte, affirme que le président Paul Kagamé a menacé de retirer les troupes rwandaises des missions de maintien de la paix de l'ONU si le rapport était publié.
A Genève, Rupert Colville, porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, s'est déclaré déçu vendredi que le document ait été divulgué dans la presse. Il a précisé que des modifications étaient toujours en cours de finalisation, mais a refusé de dire si elles touchaient à la forme et concernaient notamment l'usage du terme "génocide".
Précisant que le rapport de près de 600 pages couvrait une période de dix ans en RDC, il a demandé à ce que le document soit jugé quand la version définitive sortira. Le rapport devrait être publié la semaine prochaine.
Environ un million de Hutus, dont les auteurs du génocide de 1994 au Rwanda, ont fui vers la RDC, où les forces rwandaises ont entrepris d'intervenir. Des milliers de personnes ont été massacrées dans des camps de réfugiés de l'ONU.
Selon la version obtenue par "Le Monde", le document du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme estime que "les attaques systématiques et généralisées (contre des Hutus réfugiés en RDC) révèlent plusieurs éléments accablants qui, s'ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiées de crimes de génocide". Il souligne que "probablement, plusieurs dizaines de milliers" de personnes ont été tuées. - AP