«Le Président nous offre une rencontre folklorique et avec des leaders de la mouvance». Le jeune leader politique des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD) ne semble pas apprécier la façon dont le choix des "invités" a été opéré au niveau de "Sèkhutureya" le mardi, 15 novembre. Mouctar Diallo ne le dit certes pas de vive voix, cependant, le sentiment de dépit transparait dans sa déclaration aux lendemains de la rencontre du Président de la République avec quelques leaders politiques.
Le jeune loup de la politique guinéenne se montre, par moments, ambivalent dans ses propos: «… je ne suis pas frustré, les NFD n’ont plus, de n’avoir pas été invités. Cela relève de la décision du Président de la République ; même si nous pensons que la méthode, l’organisation était assez médiocre. Comme vous le savez, en premier lieu, ce sont trois leaders de l’opposition qui étaient invités ; ce qui semblait raisonnable et pertinent. Après il y a eu une autre liste des membres de la mouvance [ndlr : présidentielle], nous ne savons pas pour quelle importance. Ceux qui sont de la mouvance sont censés parler avec lui [ndlr: le Président Alpha Condé] à tout moment. Et après, on a vu à la rencontre [ndlr : à la télévision], des gens qui n’étaient ni sur la première liste, ni sur la deuxième liste. Donc, on a compris que si cette rencontre était reportée pour quelques heures, on aurait aussi invité les quatre coordinations régionales sur les dix coordinations régionales et un peu plus après, on aurait dit : "écoutez, d’ailleurs, les portes du Palais [Présidentiel] sont ouvertes, que tout le monde pénètrent "…»
Revenant à sa rencontre du mercredi avec la presse, M. Diallo tente de repréciser sa position quant à la façon dont les choses se sont déroulées et pour lui, «C’est ce que nous avons constaté. Et soyez sûrs, que nous ne sommes pas frustrés. Le point de presse que nous avons organisé hier [ndlr : 15 novembre] c’est pour donner un avis éclairé, visionnaire de cette rencontre en tant que parti politique qui est l’un des acteurs majeur de la scène politique actuellement.»
Il qualifie de «parodie» et de «théâtre» les trois heures que le Chef de l’Etat aura passées avec les leaders politiques dont il n’apprécie toujours pas le critère de leur choix: «Jusqu’à preuve du contraire NFD, Nouvelles Forces Démocratiques, considèrent que la rencontre d’avant-hier [ndlr : 14 novembre] entre le Président de la République et certains leaders politiques est une parodie, c’est un théâtre qui a deux objectifs :
- le premier, c’est de donner une bonne image au Président de la République, Alpha Condé ;
- et le deuxième, de la poudre aux yeux, destinée à aveugler les Guinéens, la communauté internationale sur le manque de volonté du gouvernement d’aller au dialogue.»
Au fur et à mesure que les échanges se poursuivaient avec les journalistes, ses propos devenaient vis-à-vis du Président Alpha Condé: «Nous, nous estimons aujourd’hui, que ce n’est pas une rencontre qui est demandée. C’est un dialogue. Et nous ne comprenons pas qu’au moment où on demande un dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition, que le Président nous offre une rencontre folklorique et avec des leaders de la mouvance ! »
Il estime que ce n’est pas pareille rencontre qui était souhaitée: «Nous avons demandé aujourd’hui [pause] et c’est ce que les Guinéens attendent, c’est un dialogue politique pour décrisper la situation pour régler les problèmes qui existent, en vue de trouver un consensus pouvant créer les conditions de crédibilité et de transparence pour aller dans les meilleurs délais et dans un climat apaisé aux élections législatives ; finir la transition et faire face aux véritables problèmes des Guinéens. Nous ne pouvons pas comprendre que le Président de la République invite les leaders politiques à une rencontre pendant que nos militants sont emprisonnés de façon arbitraire, pendant que la CENI continue à poser des actes de façon unilatérale et illégale chaque jour, même actuellement.»
A la question de savoir s’il pense que le Professeur Alpha Condé est à la hauteur de gérer ce pays, Mouctar Diallo de lâcher: «Selon ce que j’ai vu jusqu’à présent, non !»
Avant de conclure, le leader des NFD a tenu à faire une précision après avoir réaffirmé qu’il n’était pas frustré de n’avoir pas été invité à la rencontre : «Je ne suis pas frustré, encore une fois. Je veux rapidement préciser quelque chose. Quand nous demandons un dialogue, la réconciliation nationale, on ne demande pas la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, comme certains le pensent. Ce n’est pas une question de Mouctar ou des NFD. Je précise ici, pour lever l’équivoque, je l’avais déjà fait auparavant, nous ne serons pas intéressés par un gouvernement d’union nationale.»
Pour le Président des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), ce parti «NFD est dans l’opposition et je ne serai pas un Ministre du Président Alpha Condé. Que cela soit très clair. Et nous ferons l’opposition de façon responsable, en critiquant quand il le faut et en proposant quand il le faut.»
Propos recueillis par AfricaLog.com