Par Oumar Wann
La République de Guinée traverse une situation critique de son histoire. Nous constatons avec un profond regret l’effritement du tissu social à cause de la politique d’exclusion et de stigmatisation sciemment instaurée par le Président Alpha Condé. Les droits et libertés individuelles et collectives sont bafoués avec un mépris total comme si les guinéens sont issus d’un peuple d’une autre époque. La démocratie a reculé à tout point de vu. Elle est entrain de s’enliser à cause du refus délibéré des nouvelles autorités de procéder à la finalisation de la transition conformément aux accords politiques de Ouaga. A l’image des régimes précédents, la mauvaise gouvernance est érigée comme méthode de gouvernance par excellence. Elle est caractérisée par le pillage des maigres ressources du pays, le manque de transparence lié à l’octroi des marchés publics de gré à gré en faveur des proches du régime ainsi que le détournement des deniers publics.
C’est dans ce contexte difficile que les Partis Politiques regroupés au sein de l’ADP et du Collectif pour la finalisation de la transition ont entrepris un travail gigantesque de mobilisation de l’opinion nationale et internationale en vue d’œuvrer en faveur de la promotion de l’Etat de Droit, de l’ancrage de la Démocratie et de la Bonne Gouvernance. C’est le lieu pour nous, de saluer la haute maturité et le sens élevé de responsabilité les leaders de l’opposition regroupés au sein de cette plate forme de concertation et d’action dont la mission essentielle est la finalisation de la transition avec à la clé la tenue d’élections législatives inclusives, libres, transparentes et acceptées de tous les acteurs et partenaires de la Guinée. Les dividendes d’une telle lutte sont entrain de produire les résultats escomptés eu égard à l’abnégation de l’opposition.
C’est le lieu de constater avec regret l’obstination du Président Alpha Condé d’accéder aux revendications légitimes de l’opposition guinéenne dont les conséquences directes commencent à se manifester par un début de paralysie des différentes institutions républicaines comme l’illustre la démission des deux Ministres de la République au sein du Gouvernement du Président Alpha Condé, des sept membres de la CENI et ceux du CNT. Ces personnes sont devenues les vrais icônes du changement. Cette triste situation risque de plonger notre pays dans l’incertitude et l’impasse totale.
Nous lançons à cet effet, un vibrent appel à la communauté internationale afin qu’elle puisse agir vite et efficacement avant qu’il ne soit trop tard. Nous rappelons que l’absence d’implication de la communauté internationale au moment approprié dans les situations de crise profonde a toujours été à l’origine des conflits violents enregistrés partout ailleurs. Il est clairement établi l’importance cruciale d’opter en faveur des interventions préventives qu’au lieu d’attendre l’escalade pour commencer d’agir.
Nous saluons les différents efforts consentis par la Communauté Internationale avant et pendant la transition jusqu'à l’organisation du second tour des présidentielles de 2010. Nous regrettons la dissolution anticipée du Groupe de Contact International avant la fin la mise en place de l’institution parlementaire qui est censée parachevée la transition. Nous réitérons notre appel auprès de la CEDEAO, de l’Union Africaine, des Nations Unies, de l’Union Européenne, de la France et des Etats-Unis d’Amérique d’user de leurs influences pour aider les acteurs politiques guinéens afin de trouver une issue susceptible de favoriser la tenue rapide des élections dans un climat de paix, de stabilité, d’entente et de sérénité. C’est la Guinée entière qui y gagnerait.
Cet élan de mobilisation nationale caractérisé par un sursaut de conscience collective est le signal annonciateur du changement tant ambitionné par le peuple de Guinée. Nous restons convaincus que la bataille politique actuelle menée sur le terrain dans la légalité par les leaders du Collectif et de l’ADP afin d’empêcher l’instauration d’une nouvelle dictature en Guinée correspond parfaitement aux aspirations légitimes de l’écrasante majorité des citoyens du pays. Nous saluons les efforts hautement positifs consentis par cette classe politique dont l’entente, la cohésion et la discipline des responsables des différents partis forgent l’admiration du peuple de Guinée et de la Communauté Internationale.
Uni au tour des valeurs et principes sacrés, ses dignes fils du pays sont entrain de baliser le chemin du changement où chaque guinéen se sentirai traité au même pied d’égalité, sans discrimination de race, d’ethnie, de religion et d’appartenance politique. Les critères de mérite, de compétence, de loyauté et d’intégrité seraient considérés comme les seules références pour accéder aux instances de prise de décision dans le cadre de l’édification d’une Guinée émergente. Le droit, les lois et les conventions internationales constituerait les instruments par excellence de promotion de l’Etat de Droit, de la Démocratie et de la Bonne Gouvernance. Les citoyens guinéens apprendraient à la fois à avoir confiance à leur administration et leur justice. L’administration serait centrée exclusivement vers la fourniture des services de qualité répondant aux attentes de ses différents usagers. Les dirigeants du pays apprendraient d’être à l’écoute de leurs citoyens et les rendre compte des actes qu’ils posent en leurs noms. La sécurité des citoyens et de leurs biens ainsi que toux ceux vivent sur le territoire guinéen serait assurée. Les Forces de Défense et Sécurité joueraient leurs vrais rôles de protection des citoyens, des institutions et de l’intégrité territoriale du pays conformément aux normes et standards internationaux. Les guinéens arpenteront le chemin de la réconciliation nationale dans le but d’œuvrer en faveur de la manifestation de la vérité, du pardon, de la réparation, de la justice et de la formulation des recommandations visant la reformes des institutions. Qu’Allah le Tout puissant guide les pas du peuple de Guinée vers un tel type de Changement. Amen.
Oumar Wann
Consultant en Gouvernance et Consolidation de la Paix. Virginia, le 2 Sept 2012
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