Suite au meurtre de Mme Aïssatou Boiro, Directrice national du Trésor et de la Comptabilité publique, à différents niveaux au plan national, de la famille biologique à la famille professionnelle en passant par le gouvernement et l’opposition, chacun trouve à exprimer à sa façon l’ampleur de la perte.
Après la condamnation de l’acte odieux, le gouvernement, sur instruction du Président de la République, ce mardi 13 novembre 2012 a été déclaré journée de deuil avec mise en berne du drapeau national sur l'ensemble du territoire national.
Le gouvernement a aussi organisé au Palais du peuple, où la dépouille mortelle a été exposée, une cérémonie de recueillement et de souvenirs en hommage à la défunte.
Fait rarissime pour être souligné, le Président Alpha Condé était présent dans la grande salle des congrès, cadre de la cérémonie. Le gouvernement y était au complet ainsi que les représentants des Institutions nationales et internationales sans oublier la famille de Hadja Aïe (sobriquet de la défunte pour les intimes), amis, ex-collaborateurs tous meurtris en souffre-douleur et en croyants: Dieu a donné, Dieu a repris. Dieu soit loué.
En livrant le message du Ministre d’Etat de l’Economie et des Finances Kerfalla Yansané en mission en France, le Ministre délégué au Budget dont relevait la défunte, a dit que son ancienne collaboratrice «était la personnification de l’engagement, de la droiture et de la rigueur».
Mohamed Diarré a souligné que «Mme Boiro a participé à la mise en place d’un système méticuleux de contrôle qui a permis de déjouer diverses tentatives de fraudes mais qui lui a malheureusement valu la haine de certaines personnes habituées à l’argent facile. Elle est donc morte sur le champ d’honneur en service commandé. Elle est morte parce qu’elle refusait tout compromis entre l’intérêt public et les intérêts sordides des groupes mafieux».
La gorge serrée, car c’est avec lui que Mme Boiro a passé ses derniers instants (réunion de cabinet de 19h à 19h 56) en présence de son adjoint, ce vendredi fatal, le Ministre délégué Diarré a rassuré que «cette disparition est loin de décourager les travailleurs honnêtes» avant d’inviter: «l’assassinat de Mme Boiro doit amener tous les agents de l’Etat à reprendre le flambeau de la droiture et de l’honneur afin que la corruption et l’impunité soient à jamais bannies de notre société».
L’Ambassadeur de France a, dans son intervention, mis l’accent sur la grandeur de cette dame que perd la Guinée.
Bertrand Cochery de déclarer: «La Guinée est en deuil. Les amis de la Guinée sont en deuil. Tous ceux qui espèrent dans la reconstruction de ce pays, sont en deuil. La République des compétences a été frappée en son cœur. Plus jamais ça».
Pour le plénipotentiaire français, «Mme Aïssatou Boiro doit rester un exemple d’honneur, de disponibilité, de rayonnement pour tous ceux, de toutes générations, qui œuvrent au redressement de la Guinée. Plus que jamais, nous restons à vos côtés dans cette entreprise», a rassuré M. Cochery.
Un autre hommage appuyé sera rendu à la défunte par le Représentant du Fonds monétaire international (FMI) en Guinée. Aziz Wann, a déclaré que «Aïssatou Boiro était non seulement l’image d’une Guinée chaleureuse et hospitalière, mais aussi d’une Guinée qui change». Il va surtout relever le «souhait de Mme Boiro de faire de l’administration guinéenne, une administration exemplaire» avant de souligner «son engagement total pour permettre l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE».
Pour le Représentant de l’Union européenne en Guinée, Philipe Van Dame, «la meilleure façon de rendre hommage à Mme Aïssatou Boiro est de suivre ses œuvres dans l’intérêt de toute la nation».
Témoignage pathétique également que celui du 3ème fils de la défunte. Mamadou Boiro a remercié le Président de la République et son gouvernement pour toute l’assistance apportée à la famille Boiro dans l’épreuve difficile liée au décès de leur mère ainsi qu’aux personnes qui se sont succédé pour rendre hommage à Hadja Aïe: «je voudrais juste dire que, malgré la douleur qui nous anime, nous sommes extrêmement touchés par les hommages rendus à ma mère». Il révèlera les liens forts qui les unissaient: «Ceux qui l’ont côtoyée savent que, en plus d’être notre maman, c’était notre confidente. C’était mon amie. Et je suppose que c’est la même chose pour mes frères et sœurs». Et de conclure par cette prière: «Juste, maman, que tu saches que, où que tu sois, que le Bon Dieu t’accorde sa miséricorde; et que tu veilles sur nous». Il a promis: «la seule façon de t’honorer, c’est d’appliquer les valeurs que tu nous as inculquées et puis de se battre pour la cause que tu as défendue».
Au nom de la famille Boiro, Aliou Boiro, a remercié «le gouvernement pour avoir organisé cette cérémonie qui» selon lui, «témoigne de l’affection des uns et des autres pour la défunte». Il a exprimé toute l’émotion de la famille et invité chacun à accepter cette volonté de Dieu.
Pour clôturer la cérémonie, le Secrétaire général aux Affaires religieuses, El hadj Abdoulaye Diassy a fait des prières pour le repos en paix de l’âme de la regrettée, Aïssatou Boiro.
Instant émouvant quand le Président est allé se recueillir sur la dépouille mortelle de celle-là qu’il a nommé Directrice nationale du Trésor et de la Comptabilité publique, il y a moins d’un an. Le Président Alpha Condé avait pris son temps de serrer la main des membres de la famille et fait un baiser de consolation (image) au veuf, Dr Ibrahima Boiro, Directeur général du centre de Recherche en Environnement (CERE) de l’université de Conakry.
C’est par la suite que le corps de Hadja Aïssatou Boiro a été transporté à la base d’où il sera héliporté pour son Koundara natal où elle repose à jamais, depuis ce mardi, 13 novembre dans son village de Saraboïdo.
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