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Michelle Ndiaye Ntab: “Plus de 180 millions de personnes en Afrique sub-saharienne pourraient mourir à cause du changement climatique”

Jul 01, 2009

L’organisation Greenpeace se bat à travers le monde pour mettre fin à la destruction de l’environnement. La Directrice Exécutive de Greenpeace Afrique, la sénégalaise Michelle Ndiaye Ntab a une grande expérience dans les relations internationales, le droit public, la communication et le développement communautaire. Dans cet entretien avec AfricaLog elle ébauche les actions de Greenpeace Afrique pour le droit des Africains à un environnement sain.

AfricaLog: Parlez-nous de votre parcours. Qu’est ce qui vous a préparé à assumer la fonction de Directrice Exécutive de Greenpeace Afrique?

Michelle Ndiaye Ntab: J'ai travaillé pendant 17 ans dans divers projets de développement en Afrique. Les problèmes environnementaux et ceux qui se posent aujourd'hui à la survie de notre planète sont intimement liés a la problématique du développement et des questions de pauvreté particulièrement sur le continent Africain. J'ai voulu faire partie de la solution en joignant une organisation dont le rôle n'est plus à démontrer dans la sauvegarde de l'environnement et des effets néfastes de sa destruction sur les populations.

AfricaLog: Est-ce que l’Afrique a un rôle a jouer pour éviter un changement climatique catastrophique?

Michelle Ndiaye Ntab: Dans quelques mois, en décembre se tiendra à Copenhague, la grande conférence sur les négociations climatiques. L’Afrique a un role prépondérant à jouer dans ces négociations en soutenant, plus précisément des positions qui lui permettraient de réduire sa dépendance aux combustibles fossiles, particulièrement le charbon et d’opter pour une révolution énergétique basée sur les énergies renouvelables. Mais aussi lutter pour la protection des forets vierges, particulièrement ceux du bassin du Congo qui sont font parties des poumons de la planète. Ce sont la des choix de modèle de développement qui sont applicables à tous les pays. Bien sur les pays du Nord devront faire plus de sacrifices dans ce domaine, mais l’Afrique ne doit pas être en reste.

AfricaLog: Quelles sont les actions que votre organisation mène pour empêcher que l’Afrique devienne en dépotoir des déchets toxiques comme se fut le cas récemment en Côte d’Ivoire?

Michelle Ndiaye Ntab: Dans un rapport sorti en août 2008, Greenpeace expose et analyse le sort de tonnes de déchets électroniques toxiques exportés au Ghana. Des vieux ordinateurs et télévision y arrivent en provenance d’Allemagne, de Corée, de Suisse et des Pays-Bas pour y être soi-disant « recyclés » dans de vastes déchetteries à ciel ouvert, où des travailleurs sans aucune protection, dont de nombreux enfants, les trient à la recherche de cuivre et d’aluminium avant de les brûler.

Les chercheurs de Greenpeace ont analysé les échantillons de sols non loin de vastes décharges. Phtalates, plomb, cadmium et dioxines s’y trouvent en grande quantité. Greenpeace mène campagne pour que les fabricants d'équipements électroniques assument la responsabilité de leurs produits, depuis la production jusqu'à la fin de leur utilisation. Pour éviter que des montagnes de déchets électroniques ne soient déversées dans les pays en développement, les fabricants doivent concevoir des appareils électroniques propres, sûrs et faciles à recycler, qui n'exposent pas les travailleurs et l'environnement à des produits chimiques dangereux.

AfricaLog: Pensez-vous que les gouvernements africains sont assez préoccupés par les problèmes écologiques? Quelle est selon vous le pays "green" d'Afrique?

Michelle Ndiaye Ntab: L’Afrique du Sud sans nul doute. L'Afrique du Sud peut influencer la lutte contre le changement climatique en sa qualité de membre actif de l'Union africaine, membre votant au G77 et l'un des quatre pays en développement appelés à devenir un moteur du Sud de la croissance économique mondiale.

Son puissant mélange de leadership international fort, de pensée progressiste et de politiques avant-gardistes se reflète dans son plaidoyer en faveur d'une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre et des mécanismes qui aident les pays, vulnérables, à s'adapter aux impacts du changement climatique. Il faut cependant souligner que malgré tous ces efforts, il est le 14ème émetteur de CO² dans le monde et ses émissions vont probablement augmenter en même temps que la demande énergétique. Les autres pays Africains restent loin derrières malgré une prise de consciente de plus en plus croissante aux niveau des Institutions d’Intégration Africaines.

AfricaLog: Pourquoi la société civile africaine doit t-elle se soucier des problèmes environnementaux ? Il y a beaucoup d’autres fléaux à combattre sur le continent à savoir la corruption, la pauvreté…

Michelle Ndiaye Ntab: Les problèmes environnementaux dont le continent doit faire face sont multiples et restent encore une fois très liés aux problèmes de pauvreté, de corruption, de bien être des populations et de leur droit a un environnement sain. Aujourd’hui ce sont les effets du changement climatique qui restent la préoccupation majeure pour tous. Il faudrait se souvenir que bien que l'Afrique contribue très peu au changement climatique, le continent souffre également de ses effets. Le changement climatique est la plus grande menace à laquelle l'humanité ait jamais fait face. Ses effets se font ressentir sur toute la planète et menacent déjà la survie des populations les plus vulnérables. Le secteur de l'énergie à lui seul est responsable de près de deux-tiers des émissions globales de gaz à effet de serre, le charbon y contribuant le plus.

Plus de 180 millions de personnes en Afrique sub-saharienne pourraient mourir à cause du changement climatique d'ici à la fin du siècle. L'impossibilité de prédire les modèles pluviométriques, la baisse des récoltes, l'augmentation des prix alimentaires et la diminution des ressources naturelles entraînent déjà une intensification des migrations humaines, des tensions et des conflits. Voici une des raisons pour lesquelles la Société Civile Africaine devrait s’impliquait.




Propos recueillis par André Brikop

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