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Darius Mans: "Le Millennium Challenge Corporation contribue de façon significative à la réduction de la pauvreté et la lutte contre la corruption en Afrique"

Jul 22, 2009

Darius Mans est le Vice President du Millennium Challenge Corporation (MCC), chargé du programme compact. A partir du 1er Aout 2009, il sera Chief Executive Officer (CEO) par interim. Le Millennium Challenge Corporation (MCC), une institution du Gouvernement des Etats-Unis destinée à lutter contre la pauvreté dans les pays en voie de développement, a été fondée sur le principe selon lequel l’aide est plus efficace lorsqu’elle contribue au renforcement de la bonne gouvernance, de la liberté économique et à l’investissement humain pour la promotion de la croissance économique. 

AfricaLog:Quels sont les pays d'Afrique qui ont été rejetés récemment par votre rigoureux processus d’obtention de la subvention du Millennium Challenge Corporation?

Darius Mans: Le MCC utilise les mêmes critères d'éligibilité - 17 indicateurs de mesure politique, économique et sociale venant des sources indépendantes pour évaluer tous les pays. Ces indicateurs permettent d’évaluer l’engagement du pays à la bonne gouvernance, la liberté économique et les investissements dans l'éducation et la santé. Si les pays passent les indicateurs requis et sont sélectionnés par le Conseil d'administration du Millennium Challenge Corporation, ils sont invités à soumettre des propositions de subventions « Threshold» (pré-compact, subvention de 2 ans) ou « compact» (subvention de 5 ans). Lorsqu’un pays est sélectionné par le conseil d'administration, un dialogue ouvert peut commencer avec le Millenium Challenge Corporation sur la meilleure façon de répondre à leurs priorités de développement.

AfricaLog: Selon certains observateurs, la plupart des pays Africains n'ont pas besoin d'aide, mais plutôt des efforts concertés des pays occidentaux pour lutter contre la corruption et la saisie des comptes bancaires des dirigeants corrompus. Comment répondez-vous à cela?

Darius Mans: Pour bénéficier du financement MCC, un pays doit d'abord démontrer son engagement à lutter contre la corruption. Parmi les 17 indicateurs que MCC utilisent, Le «contrôle de la corruption» fait figure d’incontournable. Le MCC fait déjà partie d'une stratégie coordonnée et intégrée pour la lutte contre la corruption en demandant aux pays partenaires de prendre cet engagement. L'un des moyens d'aider les pays à atteindre cet objectif, est le programme « threshold », conçu pour aider les pays à améliorer leurs performances. Beaucoup de pays utilisent cela pour développer plus de transparence et le développement des institutions de lutte contre la corruption. Le MCC a conclu des partenariats avec des pays comme la Zambie, le Niger, le Kenya, la Tanzanie pour mettre sur pied des initiatives anticorruption.

AfricaLog: Parce que le Millennium Challenge Corporation a été lancé par l'administration Bush, certaines critiques pensent que les indicateurs utilisés sont générés par les groupes conservateurs pour faire avancer le libéralisme économique dans les pays en voie de développement. Quels indicateurs utilisez-vous? Sont-ils biaisés?

Darius Mans: MCC utilise des indicateurs venant de sources objectives et indépendantes qui sont: Freedom House, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la Santé, l'UNESCO, CIESIN, YCELP, Heritage Foundation, IFC, IFAD et le Fond Monétaire International. Ces indicateurs ne portent pas sur une tendance politique particulière, mais se concentrent sur des données universelles contribuant au développement durable. Vous ne pouvez pas avoir une société en plein essor, si la justice est abandonnée et la corruption règne. Vous ne pouvez pas attendre d'un pays qu’il se développe si les citoyens sont très malades, n’ont pas l'éducation et les compétences nécessaires pour faire un travail productif. Vous ne pouvez pas attendre que les communautés s'engagent dans le commerce s'il n'y a pas de routes pour transporter leurs produits sur les marchés ni un système de réglementation pour faire respecter les contrats. Ces indicateurs aident à choisir comme partenaires des pays qui ont les politiques et les pratiques indiquées pour créer les conditions essentielles pour le développement durable, et la meilleure utilisation des fonds de la subvention.

AfricaLog: Un pays peut-il utiliser l'argent reçu du programme du millénaire pour rembourser sa dette avec d'autres institutions ?

Darius Mans: Le Gouvernement des États-Unis, grâce à travers le MCC utilise l’argent des contribuables américains qui permet le financement des programmes de réductions de la pauvreté dans le monde entier. Il existe plusieurs ressources dans la boîte à outils des Etats-Unis concernant l'aide au développement, et le MCC qui est un "smart power", est un outil spécifiquement conçu avec l’autorisation du congrès afin de financer les programmes destinés à la lutte contre la pauvreté et stimuler la croissance économique. Le financement MCC est une subvention, et non pas un prêt. Lorsque les pays deviennent admissibles au programme compact, ils sont invités à examiner sérieusement leur économie afin de déterminer quels sont les obstacles à une croissance rapide. À ce jour, les partenaires de notre pays ont proposé des investissements dans l'agriculture, les infrastructures, l'éducation, la santé et dans d'autres domaines qui, à leur avis conduira à une accélération de la croissance à long terme et la réduction de la pauvreté.

AfricaLog: Qui est responsable de l'examen de l'éligibilité des pays? Existe-t-il une obligation d'être aligné sur la politique étrangère des États-Unis?

Darius Mans: En rendant des décisions sur l'admissibilité, le Conseil d'Administration de la MCC estime la performance d'un pays sur la bonne gouvernance, la liberté économique et les investissements dans l'éducation, la santé ainsi que la gestion des ressources naturelles. Le facteur déterminant de notre partenariat a toujours été la situation politique, économique, et les politiques sociales que les pays appliquent et non pas leur politique tout court. L'alignement sur la politique étrangère des États-Unis n'est pas une obligation, ce qui est important est que les pays soient en harmonie avec la volonté de leurs propres citoyens à poursuivre des politiques qui favorisent la bonne gouvernance, d'élargir la liberté économique, investir dans la santé et l'éducation, et de lutter contre la corruption.

AfricaLog: Peut-on s'attendre à une augmentation du financement du programme par l'administration Obama?

Darius Mans: Dans sa demande de budget, le Président Obama a demandé $ 1,42 milliards pour MCC pour l'année fiscale 2010. C'est une augmentation budgétaire de près de 63 pour cent au cours de la dernière année. C'est un signal clair de soutien de la Millennium Challenge Corporation et de nos programmes. La secrétaire Hilary Rodham Clinton, qui est aussi la présidente du Conseil d'administration, est également une ardente défenseuse de la MCC et des programmes de réduction de la pauvreté que nous finançons à travers le monde. MCC contribue déjà de façon significative, par le biais de nos partenariats de lutte contre la pauvreté dans le monde entier, et plusieurs des priorités de développement dont l'administration Obama parle actuellement, comme l'augmentation de la transparence, la bonne gouvernance, la sécurité alimentaire, la santé mondiale, le rôle des femmes, et la participation civique.

AfricaLog: Qu'est-ce que vous avez appris sur l'Afrique depuis que le programme MCC a été créé en 2004?

Darius Mans: Les investissements dans les pays partenaires d'Afrique représentente plus de 70% des fonds que la MCC a engagés depuis sa création, avec des programmes dans 11 pays africains et 3 autres pays éligibles pour obtenir des subventions MCC. Il est évident que ces pays ont intensifié le défi de la consultation de leur population pour développer de bonnes propositions, et d'exécuter les programmes proposés. MCC a mis au point des approches spécifiques pour aider chacun des pays partenaires à développer ou à obtenir l'appui spécialisé dont il a besoin pour mettre en œuvre son programme. Nous avons aussi appris à fixer des objectifs de manière constructive tout comme des étapes vers la réalisation des résultats que nous et nos partenaires nous sommes fixés - et la meilleure façon de travailler de concert pour les atteindre. Tout cela a accéléré l'objectif de réduction de la pauvreté à travers une croissance économique durable, grâce à des programmes d’investissements à long terme conçus et exécutés par des pays africains bien dirigés.

 
Propos recueillis par André Brikop

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