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Consensus … Deux «gouvernements» pour une transition apaisée en Guinée?

Feb 24, 2010

Par O. Tity Faye

De la mĂ©disance Ă  propos du cabinet du chef de la junte militaire en GuinĂ©e ? Suite Ă  un processus Ă©lectoral, on aurait pu simplement croire Ă  un cabinet prĂ©sidentiel un peu trop achalandĂ©, quelques soient les titres, les attributions, et le nombre. Dans les circonstances actuelles, ce serait s’écrire une lettre rassurante dans une situation qui pourrait devenir explosive. La situation illĂ©gale qui devrait transiter vers un retour Ă  l’ordre constitutionnel, pourrait dĂ©river.

Au lieu d’une dĂ©croissance du pouvoir du Cndd et de son prĂ©sident intĂ©rimaire, les Ă©vènements dĂ©notent plutĂ´t un face Ă  face qui risque de finir en confrontations d’attribution sur fond de conflits de compĂ©tence. Les termes pour forger des dĂ©nominations ne changeront rien Ă  la fragilitĂ© de la situation. Qu’avons-nous comme situation en fait ?

Le passage des Forces vives de la nation de leur position de revendication face Ă  un pouvoir illĂ©gal, Ă  une position de participation au pouvoir Ă  travers un poste de Premier ministre et un Gouvernement d’union nationale de transition – Gunt. Les reprĂ©sentants des partis politiques, des syndicats et de la sociĂ©tĂ© civile en sont membres. L’instrument lĂ©gislatif serait alors le Conseil national transitoire (Cnt) qui, cependant, n’est qu’un organe consultatif malgrĂ© sa composition Ă©largie Ă  une reprĂ©sentation nationale. Chacun exprime sa satisfaction. Soit !

Tout cela semble être une belle avancée vers un retour à l’ordre constitutionnel si l’on ne compare la situation qu’à celle où le capitaine Dadis Camara éparpillait des brulots menaçants à l’encontre des uns et des autres. Mais il n’était pas seul. Malgré son élimination de la scène politique, son équipe survit. L’apaisement actuel semble être à ce prix!

Plusieurs d’entre eux ont été rejetés du gouvernement de transition pour des raisons d’incompatibilité dues à des actes de violence commis sur les populations ou pour avoir soutenu les velléités de confiscation du pouvoir. Certains se retrouvent dans le cabinet du chef de la junte militaire. C’est pourquoi, on scrute ce cabinet.

Dans une situation transitoire de courte durĂ©e (six mois), ce cabinet donne l’impression d’un gouvernement de plus. Il le sera si les hommes et les femmes des deux parties ne rĂ©ussissent pas Ă  travailler ensemble, comme le souhaite le GĂ©nĂ©ral KonatĂ©. De quel cotĂ© sera-t-il alors ?

MalgrĂ© la satisfaction des leadeurs politiques, il faut faire remarquer que l’armĂ©e dĂ©tient encore les rennes du pouvoir. Dans quel sens ou dans quelle mesure le cabinet du GĂ©nĂ©ral SĂ©kouba KonatĂ© va-t-il influencer ses dĂ©cisions dans le sens voulu par les Forces vives ?  

Les bras de fer risquent de s’engager sur les dĂ©cisions importantes concernant le pays; notamment celles qui intĂ©ressent la gestion financière et le potentiel de ressources naturelles et minières dont le pays dispose. Les proies visĂ©es ? Les duplications de postes – si elles s’avèrent - ne sont pas faites pour rien. Les lettres de mission dĂ©finissant les attributions des postes autour de sa personne n’y changeront rien non plus.

A quoi joue, le GĂ©nĂ©ral SĂ©kouba KonatĂ© Ă  la tĂŞte de la junte ? Au bon secouriste qui croit pouvoir satisfaire tout le monde ? Ă€ moins d’avoir les mains liĂ©es. En voulant le faire, des hommes et des femmes en tireront, certes, des satisfĂ©cits mais pas les populations guinĂ©ennes, encore moins la transition dĂ©mocratique guinĂ©enne, voire l’économie nationale du pays.

La dĂ©marche est simplement incompatible avec l’intĂ©rĂŞt national. Elle draine en mĂŞme temps deux ambitions opposĂ©es. D’un cotĂ© l’ambition des composantes des Forces vives de la nation qui veulent gĂ©rer –rapidement- la transition pour accĂ©der – tout aussi rapidement – aux leviers du pouvoir par la voie lĂ©gale. De l’autre cotĂ©, l’armĂ©e et «ses ministres-conseillers du prĂ©sident» voudront la faire trainer – en longueur – pour faire fructifier des affaires. Sinon, pourquoi ne sont-ils pas avec les forces vives ou hors des structures pour laisser la transition suivre son cours ?

En 1998, ce scĂ©nario avait prĂ©valu au dĂ©triment du Premier ministre Sidya TourĂ© : d’un cotĂ© il y avait les ministres du cabinet de la primature et de l’autre ceux de la prĂ©sidence … Les discordances et les dissonances ont fait Ă©cho … ses attributions ont Ă©tĂ© gelĂ©es avant date, jusqu’à son dĂ©part en 1999.

Par ailleurs, de quel consensus politique, militaire, et social est-il question dans le discours du GĂ©nĂ©ral SĂ©kouba KonatĂ© ? Entre autres, celui qui dĂ©nie aux victimes et Ă  leurs parents le droit de justice ? Cette dĂ©claration choque et rĂ©volte, d’autant plus qu’aucune mesure d’épuration de cette armĂ©e guinĂ©enne n’est encore prise. Les experts militaires sollicitĂ©s ici et lĂ  ont un travail technique Ă  faire. Il y a, en parallèle, une justice Ă  rendre.

Or, les hommes en uniforme qui ont tiré sur les foules lors des manifestations, ceux qui ont attaqué et tué les policiers et commis bien d’autres méfaits, ne font l’objet d’aucune attention particulière de la part des autorités. Certains occupent des postes importants. À défaut d’autres punitions, ils ne le devraient pas.

Tout porte Ă  croire que le GĂ©nĂ©ral SĂ©kouba KonatĂ© offre Ă  la GuinĂ©e une transition « apaisĂ©e Â» Ă  condition qu’on pardonne Ă  ses pairs mĂŞme si on « oublie pas» comme il le dit si bien. Que va-t-il se passer si Ă  la fin de la transition ces hommes et ces femmes ne sont pas satisfaits. Que vont-ils encore rĂ©clamer pour que le consensus politique, militaire, et social soit ? Va-t-on retourner aux temps barbares ?

Il y a dans l’attitude du GĂ©nĂ©ral SĂ©kouba KonatĂ© une espèce de candeur Ă©colière qui lui fait croire que ceux qu’il couvre – ou mĂ©nage - vont lui rendre gĂ©nĂ©reusement la monnaie ou mettre en avant les intĂ©rĂŞts de la nation. Erreur ! Ce sont eux –notamment les coupables parmi eux -qui voudront s’accrocher au pouvoir par peur de punition ou de vendetta. C’est justement ce jeu qui va prĂ©valoir si la justice n’est pas rendue.

Il n’y a pour le moment que les institutions régionales et internationales à vouloir la rendre, cette justice, suite aux massacres du 28 septembre 2009, classées Crimes contre l’humanité. Aujourd’hui, on s’empresse vers la prise du pouvoir par les élections. Le parti politique vainqueur et son gouvernement pourraient perdre, très vite, leur crédibilité si certains problèmes ne sont pas résolus avant.
Tout ceci dit, ce sont des guinéens qui de par leurs actes se sont mis au ban de la nation et de la communauté internationale. Ces Guinéens peuvent tout aussi bien reconnaitre les fautes commises et de par leurs actes contribuer à édifier l’État de droit en Guinée pour le bénéfice de tous. Pour eux la nouvelle donne de la transition guinéenne est un test. Que cela soit écrit et accompli

 

 

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