Surnommé "Golden Boy" pour ses réussites en affaires, Hamed Bakayoko a ensuite connu une ascension politique qui l'a mené au poste de Premier ministre, qu'il n'aura occupé que neuf mois, avant son décès mercredi à 56 ans d'un cancer foudroyant.
Personnalité atypique et charismatique, bon vivant, Hamed Bakayoko avait gravi les échelons pour devenir un pilier du régime du président Alassane Ouattara, jusqu'au poste de chef de gouvernement où il avait été nommé le 30 juillet 2020, après la mort, elle aussi brusque, de son prédécesseur Amadou Gon Coulibaly.
Beaucoup voyaient "HamBak" , populaire y compris au-delà de son camp, comme un possible successeur au président Ouattara dans l'avenir.
Rendant hommage à son "fils", le chef de l'Etat l'a qualifié de "grand homme d'Etat", saluant sa "loyauté exemplaireâ€.
D'abord militant politique, puis homme de médias dans les années 1990, Hamed Bakayoko était devenu ministre au début des années 2000. Il avait été ensuite de tous les gouvernements pendant près de 20 ans.
Né le 8 mars 1965 à Abidjan, dans une famille de la classe moyenne, ce musulman originaire du Nord de la Côte d'Ivoire, au physique athlétique, s'était intéressé dès sa jeunesse au journalisme et à la politique.
A 25 ans, il avait créé le journal "Le Patriote", qui deviendra le quasi-organe du Rassemblement des Républicains (RDR), le parti d'Alassane Ouattara, auquel il avait adhéré dès sa fondation en 1994.
Il avait ensuite, en 1993, pris les commandes de Radio Nostalgie Côte d'Ivoire, la première radio commerciale du pays, en plein printemps de la presse ivoirienne. Ce qui l'avait rapproché du milieu de la musique et du showbiz, dans lequel il aimait s’afficher.
Après la mort en 2019 de la star du coupé-décalé DJ Arafat, dont il était proche, il s'était montré aux premières loges des funérailles.
Son ascension politique avait vraiment commencé dans les années 2000. En 2003, à 38 ans, il était devenu ministre des Télécommunications et des nouvelles technologies, un poste qu'il gardera dans tous les gouvernements d'union nationale, sous le régime de l'ex-président Laurent Gbagbo.
Selon son ancien collaborateur au Patriote, Meïté Sindou, c'était "un homme de défi", qui allait "jusqu'au bout" de ses idées.
Avec l'arrivée au pouvoir d'Alassane Ouattara en 2011, Hamed Bakayoko avait hérité du stratégique ministère de l'Intérieur, qu'il avait conservé sous trois gouvernements jusqu'en 2017, réussissant à maintenir l'ordre dans un pays revenant à la paix, notamment grâce à ses nombreuses relations dans tous les milieux, aussi bien parmi les anciens chefs de la rébellion que dans l’opposition.
En juillet 2017, il avait été nommé ministre d'Etat, ministre de la Défense, et numéro deux du gouvernement, où il avait eu la lourde tâche de gérer plusieurs mutineries dans l’armée.
En 2018 il avait été élu maire d'Abobo, l'une des deux grandes communes populaire d'Abidjan, au terme d'un scrutin cependant terni par des violences.
En 2020 son nom avait circulé comme présidentiable, avant la désignation du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle d’octobre.
Après la mort inattendue de ce dernier d'un infarctus, qui a conduit M. Ouattara a revenir sur son engagement et à se faire réélire, M. Bakayoko avait d'abord été désigné pour assurer l'intérim, puis nommé Premier ministre.
Après l'élection présidentielle du 31 octobre marquée par le boycott de l'opposition et des violences ayant fait une centaine de morts, "HamBak" avait ramené l'opposition à la table des négociations, ce qui a permis des élections législatives apaisées, avec la participation de toutes les forces politiques.
Quatre jours avant sa mort, il avait lui-même été largement réélu député dans son fief de Séguéla (Nord) aux législatives du 6 mars.
Hamed Bakayoko était marié à une avocate, avec laquelle il a eu quatre enfants. - AfricaLog avec agence