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«Le Chacal» Carlos, «révolutionnaire de profession»

Nov 10, 2011

Décrivant de manière parfois opaque et contradictoire son parcours de "révolutionnaire professionnel", "Carlos" s'est présenté mercredi 9 novembre devant la Cour d'assises spéciale de Paris comme un "combattant" au sang froid.

"Je suis tireur d'élite", a-t-il déclaré. "Je suis émotionnel, mais dans le combat je suis d'un sang froid inimaginable."

Plus tôt dans la journée, le Vénézuélien, de son vrai nom Ilich Ramirez Sanchez, avait abandonné son attitude plutôt fière et bravache pour essuyer quelques larmes en évoquant ses "camarades morts" au combat.

"J'ai vu des bombardements, des civils, des gens tués comme des chiens", avait murmuré dans un sanglot la légende du terrorisme des années 1970 et 1980, évoquant le "septembre noir" de 1971.

"Carlos" est jugé une seconde fois en France où il est emprisonné depuis 17 ans. Remis à la France par le Soudan en août 1994, il purge une condamnation à perpétuité prononcée en 1997 pour les assassinats de deux policiers français de la DST et leur informateur, en 1975 à Paris.

Il répond aujourd'hui de quatre attentats qui ont fait onze morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983.

"UN GRAND BAVARD"

Bercé depuis la plus tendre enfance dans l'idéologie marxiste-léniniste, "Carlos" s'est d'abord engagé dans la "révolution" en 1971 en tant qu'agent du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), en Jordanie puis à Londres, au Moyen-Orient et en Europe.

Cinq ans plus tard, il a quitté cette organisation et fondé son propre groupe, l'Organisation des révolutionnaires internationalistes (OIR), soutenu, armé et hébergé par le bloc communiste d'Europe de l'Est.

Au détour de maintes digressions qui ont suscité l'impatience du président de la cour, "Carlos" a dit revendiquer "la responsabilité politique des opérations du FPLP", tout en niant son implication dans des événements précis.

"On n'a rien fait", a-t-il d'abord dit, avant de reconnaître avoir participé à "une centaine" d'opérations entre 1971 et 1976.

Interrogé sur les actions menées par l'OIR, organisation d'un millier de membres et présente dans "tous les pays", d'après lui, il a répondu, avec un sourire: "Je vais vous dire un secret, on se réunissait au Café de la Sorbonne pour discuter et fumer du haschich".

"Jamais de ma vie je n'ai écrit un communiqué, on n'est pas une organisation de masse, ce n'est pas notre rôle", a-t-il ajouté, se refusant à "revendiquer" toute action.

"Je n'aime pas ce mot, ça pue le gauchisme opportuniste", a-t-il dit.

S'exprimant de manière vive, rapide, et avec un fort accent espagnol, "Carlos" n'a eu de cesse de prendre la parole en ce troisième jour de procès consacré à l'étude de sa biographie. "Je suis un grand bavard", a-t-il ironisé dans la matinée.

Se disant révolutionnaire "de naissance", il a raconté dans le détail son enfance confortable, au Venezuela, où il est né, mais aussi au Mexique, en Jamaïque, en Colombie et aux Etats-Unis.

"À BONNE ÉCOLE"

"On n'était pas des milliardaires, mais on était aisés", a-t-il dit, précisant que sa famille disposait de près de dix employés de maison.

Avec un père avocat à la "conception quasiment religieuse de son engagement" marxiste-léniniste, "Carlos" a dit avoir été "à bonne école".

Dès l'âge de 15 ans, le jeune "Carlos" adhère à l'organisation clandestine de la Jeunesse communiste à Caracas, les débuts d'un long engagement aux côtés de l'extrême gauche armée.

Après des études à Londres puis à Moscou où il a notamment fédéré les étudiants vénézuéliens des pays d'Europe de l'Est, il rejoint la Jordanie où il commence à se battre aux côtés du FPLP, période "fondatrice" de son parcours.

A l'issue d'une journée fastidieuse d'étude des différents éléments de sa personnalité, son avocate et épouse Isabelle Coutant-Peyre a tenu à attirer l'attention de la cour sur la situation particulière de son client, interrogé alors même qu'il est emprisonné depuis 17 ans. Depuis le début du procès, "Carlos" se plaint de ses conditions de détention.

Dernier soutien de cet icône déchue de l'extrême gauche armée, le président vénézuélien Hugo Chavez a demandé mercredi à ce que ses droits soient respectés. Tout en saluant un "Vénézuélien 100%", "Carlos" a dit ne l'avoir jamais rencontré. – AfricaLog avec agence

 

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