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Martin Luther King: le rêve d’un pasteur

Feb 11, 2010

Deuxième d'une famille de trois enfants, pasteur baptiste comme son père, Martin Lutin King est né le 15 janvier 1929 à Atlanta dans l'Etat de Géorgie aux Etats-Unis. Il connaît une enfance heureuse. Après les études primaires et secondaires, le jeune Martin Luther entre en septembre 1944 à Morehouse College, toujours à Atlanta . Dans cet établissement où il démarre l'enseignement supérieur, l'étudiant exceptionnel qui n'a alors que quinze ans obtient sa licence en sociologie en 1948. Il quitte ensuite Atlanta pour la Faculté de théologie de Crozer à Chester en Pennsylvanie. En 1951, il obtient dans cette Faculté une licence en théologie. Il s'inscrit enfin à l'université de Boston. Ses études y sont couronnées en 1955 par un doctorat en philosophie.

Le brillant parcours de cet étudiant a été également enrichi par des relations amicales qu'il tissera autour de lui à Boston . C'est à Boston qu'il va justement faire la connaissance de Correta Scott . Qui y faisait des études au conservatoire de musique. Le jeune pasteur tombe sous le charme de Coretta Scott qui n'avait jamais voulu épouser un homme d'église. Pour lui, elle décide de tout sacrifier, y compris sa carrière. Le 18 juin 1953, Martin Luther King épouse Coretta Scott. Dés 1954, le jeune pasteur King Junior commence sa fonction pastorale à l'église baptiste de l'avenue Dexter, à Montgomery. Il y exerçait encore son ministère lorsqu'en décembre 1955, une certaine Rosa Park s'insurgea contre l'ordonnance sur la répartition des sièges dans les transports municipaux. Pour avoir refusé de céder son siège à un Blanc dans un bus, Rosa Park, une jeune femme noire est arrêtée . Son arrestation va déclencher un mouvement de colère dans la communauté noire de Montgomery, dans l'Alabama. Laquelle va décider d'un boycott des lignes municipales de transports urbains dans ladite localité. Le boycott durera 382 jours. Pour maintenir la pression sur la compagnie d'autobus et sur les autorités, l'Association pour le progrès de Montgomery est créée par les membres les plus influents de la communauté noire. Martin Luther King est élu à l'unanimité au poste de président. Parallèlement au boycottage des autobus de Montgomery, une action en justice fut introduite pour mettre fin à la ségrégation dans les transports publics.

L'année 1956 s'ouvre sur la terreur contre la famille du pasteur King. Le 30 janvier, une bombe est lancée contre sa maison. Coretta King et son bébé de neuf semaines sont sauvés de justesse. Le pasteur King Junior reçoit constamment des menaces de mort. Mais, le 5 juin suivant, une nouvelle redonne espoir aux manifestants noirs. Un tribunal fédéral de district fait savoir que la pratique de la ségrégation dans les transports publics constitue une violation du quatorzième amendement. Jugement qui sera confirmé à la fin de la même année 1956 par la cour suprême. La victoire du boycott amène des représentants de l'église baptiste dans le sud à presser le pasteur King Junior à jouer un rôle plus important encore dans le mouvement. C'est ainsi que Martin Luther King accepte la présidence de la Southern Christian Leadership Conference (Sclc) nouvellement créée et quitte Montgomery pour Atlanta en janvier 1960. Il rejoint alors l'église de son père et débute une série de campagnes et de croisades pour l'égalité des droits civiques. Les campagnes s'étendent simultanément dans un millier de villes américaines. Des marches, sit-in, boycotts et autres actions non violentes se multiplient et s'intensifient à travers l'Amérique. Le 28 août 1963, c'est l'apothéose.

La marche historique sur Washington rassemble au moins 250.000 personnes parmi lesquelles 60.000 Blancs. Les gens sont venus de toutes les régions des Etats-Unis. Pour écouter le célèbre discours " j’ai un rêve" de Martin Luther King. Discours dans lequel il prévoit le jour où " sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité." Ainsi que le rêve que ses quatre petits enfants vivront dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère.

 Martin Luther King recevra le prix Nobel de la paix le 10 dècembre1964 à Oslo en Norvège, en présence de Coretta King, des mains du Roi Olav V de Norvège. Malgré les menaces de mort, les arrestations, les emprisonnements et les humiliations de toutes sortes, le pasteur King poursuivra sans relâche le combat pour l'avènement de l'égalité des droits civiques. Au péril de sa vie.

Le 4 avril 1968, il est assassiné devant le balcon de la Lorraine Motel à Memphis. Par un certain James Earl Ray. La justice condamnera ce dernier à quatre - vingt -- dix - neuf ans de prison. La veille de sa mort, Martin Luther King s'adressait ainsi à ses militants, ses disciples et tous ceux qui l'accompagnaient dans le combat : «  j'ai atteint le sommet de la montagne. Et je suis en paix. Comme tout le monde, j'aimerais vivre une longue vie. Mais cela est secondaire pour moi maintenant. Je veux seulement accomplir la volonté de Dieu. Il m'a permis d'aller sur la montagne. Et j'ai regardé de l'autre côté. Et j'ai vu la terre promise… Â» - AfricaLog

 

J'ai un Rêve

Discours prononcé par Martin Luther King, Jr, sur les marches du Lincoln Mémorial, Washington D.C., le 28 août 1963.

Il y a cent ans, un grand américain, qui jette sur nous aujourd'hui son ombre symbolique, a signé la Proclamation d'Emancipation. Cet arrête d'une importance capitale venait porter lumière, comme un phare d'espoir, aux millions d'esclaves Noirs marqués par les flammes d'une injustice foudroyante, et annonçait l'aube joyeuse qui allait mettre fin à la longue nuit de la captivité.

Mais un siècle plus tard, nous devons faire le constat tragique que les Noirs ne sont pas encore libres. Un siècle plus tard, la vie des Noirs reste entravée par la ségrégation et enchainée par la discrimination. Un siècle plus tard, les Noirs représentent un îlot de pauvreté au milieu d'un vaste océan de prospérité matérielle. Un siècle plus tard, les Noirs languissent toujours dans les marges de la société américaine, des exilés dans leur propre terre. Alors nous venons ici aujourd'hui pour dramatiser notre condition effroyable.

Nous venons à la capitale de notre nation pour demander, en quelque sorte, le paiement d'un chèque. Quand les architectes de notre république écrivirent les textes magnifiques de la Constitution et de la Déclaration d'Indépendance, ils signèrent un billet à l'ordre de chaque américain. C'était la promesse que chacun serait assuré de son droit inaliénable a la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur.

Il est aujourd'hui évident que l'Amérique a manqué à cet engagement quant à ses citoyens de couleur. Au lieu de faire honneur à cette obligation sacrée, l'Amérique à passé au peuple Noir un chèque qui revient marqué "sans provisions". Mais nous ne saurons croire que la banque de la Justice a fait faillite. Nous ne saurons croire qu'il n'y a plus suffisamment de provisions dans les grands coffres d'opportunité nationaux. Alors nous venons exiger paiement contre ce chèque, paiement sur demande des richesses de la liberté et de la sécurité que procure la justice. Nous venons également à cet endroit sacré pour rappeler à l'Amérique l'urgence absolue du moment. Ce n'est pas le moment de prendre le luxe de laisser calmer les esprits, ni de nous laisser endormir par une approche gradualiste. Il est temps de quitter la vallée sombre et désolée de la ségrégation pour prendre le chemin ensoleillé de la justice raciale. Il est temps d'ouvrir les portes de l'opportunité à tous les enfants de Dieu. Il est temps de tirer notre nation des sables mouvants de l'injustice raciale jusqu'au rocher solide de la fraternité.

Que la nation ne tienne pas compte de l'urgence du moment, qu'elle sous-estime la détermination des Noirs, lui serait fatal. Cet été étouffant du mécontentement légitime des Noirs ne prendra fin qu'à l'arrivée d'une automne vivifiante qui amènera liberté et égalité. L'année 1963 n'est pas une fin, mais un début. Ceux qui veulent croire que les Noirs seront satisfaits seulement de s'exprimer avec force auront un fâcheux réveil si la nation revient aux affaires habituelles comme si de rien n'était. L'Amérique ne connaîtra ni repos ni tranquillité tant que les Noirs ne jouissent pas pleinement de leurs droit civiques. Les orages de la révolte continueront à secouer les fondations de notre pays jusqu'au jour où la lumière de la justice arrivera.

Mais il y a quelque chose que je doit dire à mon peuple, qui est sur le point de franchir le seuil de la justice. En luttant pour prendre notre juste place, nous ne devrons pas nous rendre coupables d'actes injustes. Ne buvons pas de la coupe de l'amertume et de la haine pour assouvir notre soif.

Nous devons toujours conduire notre lutte dans un haut souci de dignité et de la discipline. Nous ne pouvons pas laisser notre protestation créative dégénérer en violence physique. Encore et encore, nous devons atteindre ce niveau exalté où nous opposons à la force physique, la force de l'âme. Le militantisme merveilleux qui a pris la communauté noire ne doit pas nous amener à nous méfier de tous les Blancs, puisque beaucoup de nos frères Blancs, on le voit par leur présence ici aujourd'hui, se sont rendus compte que leur destin est lié au nôtre, et que leur liberté dépend étroitement de la nôtre. Nous ne pouvons pas marcher seuls.

Et quand nous marchons, nous devons jurer d'aller toujours de l'avant. Nous ne pouvons pas faire demi-tour. Il y en a qui demandent aux fervents des droits civiques, "Quand serez-vous satisfaits?" Nous ne saurons être satisfaits tant que nous ne pouvons pas laisser nos corps fatigués se reposer dans les motels des routes ni les hôtels des villes. Nous ne saurons être satisfaits tant que les Noirs ne peuvent bouger que d'un petit ghetto à un ghetto plus grand. Nous ne saurons être satisfaits tant qu'un Noir en Mississippi n'a pas le droit de voter et qu'un Noir à New York ne voit rien pour lequel il peut voter. Non, non-nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne serons satisfaits que le jour où la justice se déchainera comme les eaux, et que la rectitude sera comme un fleuve puissant.

Je ne suis pas sans savoir que certains d'entre vous arrivent ici après maintes épreuves et tribulations. Certains d'entre vous viennent directement des cellules étroites de prison. Certains d'entre vous viennent des régions où votre quête pour la liberté vous a laissés meurtris par les orages de la persécution et renversés par le vent de la brutalité policière. Vous êtes les vétérans de la souffrance créative. Persévérez dans l'assurance que la souffrance non-méritée vous portera rédemption.

Retournez au Mississippi, retournez à l'Alabama, retournez à la Géorgie, retournez à la Louisiane, retournez aux ghettos et quartiers pauvres de nos villes du Nord, en sachant que cette situation, d'une manière ou d'une autre, peut être et sera changée. Ne nous complaisons pas dans la vallée du désespoir.

Je vous dis aujourd'hui, mes amis, que malgré les difficultés et les frustrations du moment, j'ai quand même un rêve. C'est un rêve profondément enracinée dans le rêve américain.

J'ai un rêve qu'un jour, cette nation se lèvera et vivra la vrai signification de sa croyance: "Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux."

J'ai un rêve qu'un jour, sur les collines de terre rouge de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.

J'ai un rêve qu'un jour même l'état de Mississippi, un désert étouffant d'injustice et d'oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

J'ai un rêve que mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés non pas par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère.

J'ai un rêve aujourd'hui.

J'ai un rêve qu'un jour l'état de l'Alabama, dont le gouverneur actuel parle d'interposition et de nullification, sera transformé en un endroit où des petits enfants noires pourront prendre la main des petits enfants blancs et marcher ensemble comme frères et sœurs.

J'ai un rêve aujourd'hui.

J'ai un rêve qu'un jour, chaque vallée sera levée, chaque colline et montagne sera nivelé, les endroits rugueux seront lissés et les endroits tortueux seront faits droits, et la gloire du Seigneur sera révélée, et tous les hommes la verront ensemble.

Ceci est notre espoir. C'est avec cet espoir que je rentre au Sud. Avec cette foi, nous pourrons transformer les discordances de notre nation en une belle symphonie de fraternité. Avec cette foi, nous pourrons travailler ensemble, prier ensemble, lutter ensemble, être emprisonnés ensemble, nous révolter pour la liberté ensemble, en sachant qu'un jour nous serons libres.

Quand ce jour arrivera, tous les enfants de Dieu pourront chanter avec un sens nouveau cette chanson patriotique, "Mon pays, c'est de toi, douce patrie de la liberté, c'est de toi que je chante. Terre où reposent mes aïeux, fierté des pèlerins, de chaque montagne, que la liberté retentisse."

Et si l'Amérique veut être une grande nation ceci doit se faire. Alors, que la liberté retentisse des grandes collines du New Hampshire. Que la liberté retentisse des montagnes puissantes du New York. Que la liberté retentisse des hauts Alleghenies de la Pennsylvanie!

Que la liberté retentisse des Rockies enneigées du Colorado!

Que la liberté retentisse des beaux sommets de la Californie!

Mais pas que ça-que la liberté retentisse des Stone Mountains de la Georgie!

Que la liberté retentisse des Lookout Mountains du Tennessee!

Que la liberté retentisse de chaque colline et de chaque taupinière du Mississippi! Que la liberté retentisse!

Quand nous laisserons retentir la liberté, quand nous la laisserons retentir de chaque village et de chaque lieu-dit, de chaque état et de chaque ville, nous ferons approcher ce jour quand tous les enfants de Dieu, Noirs et Blancs, Juifs et Gentils, Catholiques et Protestants, pourront se prendre par la main et chanter les paroles du vieux spiritual noir, "Enfin libres! Enfin libres! Dieu Tout-Puissant, merci, nous sommes enfin libres!" - AfricaLog

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